“Cherche métier dans les ressources naturelles”

In Les Échos 02 04 2012

Non seulement lesechos.fr sont lus partout, mais également longtemps après livraison. Près de deux ans après la publication de ce billet de mai 2010 toujours à jour « Quel métier choisir dans les ressources naturelles ? », récemment, Rj y postait quelques commentaires qui demandent des réponses.

–  Les sociétés les plus reconnues dans les ressources naturelles ne sont pas nécessairement les plus accueillantes. Des géants font un peu de tout : énergie, mine, agriculture, fret. Si vous voulez postuler chez un de ces grossistes, allez en Suisse ou bien à Hong-Kong. D’autres sont spécialisées dans un marché, une région voire les deux : les grains en Europe, le pétrole dans le Caucase, les métaux stratégiques à partir de Chine… etc. Il existe sur la toile de nombreuses publicités à propos de conventions commodities, vous y retrouverez les noms de ces sociétés. Certaines sont aussi accessibles via les réseaux sociaux comme Linkedin.

–  Oui mais, quel métier ? Vous décrivez, cher Rj, une recherche « maître du monde » ! Toutes les fonctions d’une entreprise sont dans les matières premières sans exception, mais c’est le marketing qui correspond au profil que vous évoquez.

–  Votre troisième question aborde le renseignement économique. Recherchez dans les banques (voir plus loin), les sociétés de recherche et consulting spécialisées (MEG, Wood Mackenzie, Roskill, CRU …), les producteurs qui ont investi dans cette fonction (les grands) et quelques grands consommateurs (infrastructure, automobile, construction, énergie, agroalimentaire…)

–  Votre formation (Essec) n’est pas technique et vous envisagez un complément. Comme indiqué dans mon billet de 2010, choisissez ce complément de formation en fonction du secteur (agricole, métaux, énergie). Je rencontre régulièrement les étudiants de l’Enag et je trouve leurs profils très intéressants pour la mine.

Cependant, si vous êtes déjà en poste, votre fonction actuelle sera le pivot de votre orientation. J’ai le sentiment que vous êtes dans une fonction commerciale ou marketing. Par exemple, un mineur de diamant recherchait récemment un profil marketing avec l’expérience de la grande distribution et non pas un diplôme de gemmologie…

La France a l’avantage d’un secteur agroalimentaire de classe mondiale, c’est une excellente ressource à prospecter. L’ensemble de la filière est à explorer : négoce de terres arables dans le monde, grainetiers, eau, agroalimentaire, biodiversité…

–  L’analyse est aussi l’une de vos préoccupations.

Les fonds utiliseront des professionnels spécialisés dans l’une des familles de commodities et ce seront des métiers différents des traders. Par exemple, récemment un fond new-yorkais me rappelait agréablement une conversation sur l’or des banques centrales d’il y a 10 ans. D’autres interrogent régulièrement à propos de leurs positions sur tel ou tel métal.

Pour les banques, comme au rugby, les commodities demandent de la constance dans les moyens. Pour le moment, à mon humble avis, les établissements conservant la double expertise connaissance des fondamentaux et recherche fondamentale restent Goldman Sachs, Morgan Stanley, Barclays, JPMorgan et Macquarie. Dans les autres, les mêmes têtes s’y alternent depuis plusieurs années et petit à petit elles ont perdu en pertinence.

Quantitativement, la capacité d’analyse des banques françaises est menacée par le « deleverage ». Et, en comparaison de ces anglo-saxonnes, le qualitatif y est encore discret. Certes, il y a toujours des exceptions mais un homme seul ne peut pas tout.
Cette alliance momentanée permettait de créer, de manière hélas éphémère pour une banque française, la double expertise ad hoc et inégalée des cinq établissements anglo-saxons précités. Il est toujours important d’avoir des visions et des talents différents voire contrariants et éloignés des ex-voto financiers.

Cher Rj, bonne chance