Construire et reconstruire avec du zinc

Les prix du zinc sont amenés à augmenter d’ici 2013, et un ou de deux leaders mondiaux aujourd’hui encore peu connus du grand public devraient émerger.

Le zinc est un petit marché. Une demande mondiale aux environs de 12,5 à 13 millions de tonnes et une production qui l’équilibre, une concentration de la demande entre batterie et acier mais une certaine dispersion des producteurs, des stocks disponibles, des instruments financiers qui animent son marché.

Le Japon et les économies en croissance.
Au-delà de l’émotion que soulève les images provenant du Japon, la reconstruction qui s’annonce consommera du zinc (comme du cuivre et probablement plus de pétrole et de gaz pour la production électrique). Impossible de chiffrer la future demande. Toutefois, s’il est confirmé que l’économie des territoires dévastés serait deux fois moins grande que celle de la catastrophe de Kobe, la nouvelle forte consommation, liée à l’étendue géographique des territoires meurtris (villes et infrastructures) qu’il faudra reconstruire, tranchera en comparaison de la faible croissance actuelle.
Par ailleurs, l’acier galvanisé ne s’est pas totalement imposé dans les besoins des pays en forte croissance : la consommation de zinc dans l’immobilier, l’automobile, les chemins de fer, les structures électriques ont encore de la puissance à donner.

Demande des ETF.
Inutile de revenir sur les effets des ETF, nous en avons déjà abondamment parlé, et l’accumulation se fera au gré des opportunités.

Baisse de la production chinoise.
Le premier producteur mondial, la Chine, rencontre des pénuries électriques endémiques et tente courageusement de les contrecarrer. Le zinc, comme l’aluminium, est grand consommateur énergétique et il n’est pas exclu que la production se déplace en dehors de Chine, là où l’électricité ne fait pas défaut, afin que les consommateurs chinois soient moins pénalisés.
Dans ce cas, les productions australienne, péruvienne et canadienne seront très sollicitées. Toutefois, elles aussi connaîtront des fermetures de mines non pas liées à l’énergie mais à l’obsolescence des filons.
Pour le moment, ces futures pertes de production font face à des stocks reflétant une situation d’abondance, proches des 10 % de production annuelle. D’autre part, les prémices des futures mines (nous en parlons plus loin) trouveront un financement d’autant plus facilement que les prix du zinc augmenteront dans les deux prochaines années.

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Au total, comme l’indique la courbe de Reuters, cette sérénité s’exprime par des prix proches de 2.500 dollars la tonne, encore éloignés des paliers à 4.500$/T de 2006.

Sérénité en demie teinte.
Une particularité du zinc reste la division en deux du processus de production. Des mineurs produisent un concentré et des affineurs sont rémunérés, en cash et en boni métaux, pour produire du métal. Des mineurs sont aussi des affineurs, intégration, is ce n’est pas la règle.

De nos jours les transformateurs sont trop nombreux, la marge se déplace vers les mineurs, les affineurs dominants achètent des propriétés minières, intégration amont, pour optimiser leur chaîne de valeur.

Ce mouvement est-il menaçant ? Non, pas encore.
Cependant il normalisera un marché fragmenté, apportera une nouvelle structure de l’offre qui influencera plus facilement les cours. Une fois le nouveau standard établi sous un horizon de 24 mois, il n’est pas impossible que la nouvelle concentration favorise l’apparition d’un ou de deux leaders mondiaux aujourd’hui encore peu connus du grand public tel que Nyrstar, Vedanta-Hindustan, derrière les Xstrata ou bien Teck. Des prix plus élevés sont donc à attendre, dont les limites hautes sont les sommets de 2006

Publié dans Les Échos le 14 03 2011