Les yeux, le cœur, le foie, le rein En savoir plus sur

Il est rare dans ce blog de vouloir détruire un marché. C’est pourtant mon objectif aujourd’hui.

Dans leur rapport du 13 octobre, le conseil de l’Europe et l’ONU tracent l’état du don d’organe dans le monde. Depuis près de vingt ans, les succès des transplantations d’organes sont formidables : le foie a doublé, le rein est excellent, le cœur a gagné près de deux ans. En conséquence, les demandeurs sont plus nombreux, ils sont aussi plus malades, plus âgés et plus soumis au diabète et aux incidents coronariens. Une fois transplantés, ils vivent plus longtemps et demandent parfois une re-transplantation. En 2007, 1 donneur répond à 2 demandeurs en Europe et 4 aux Etats-Unis.

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Les dons d’organes ne sont pas assez nombreux dans nos systèmes non marchands. Pas plus de 1% des décédés et 3% des morts à l’hôpital sont des donneurs potentiels. Là, la décision doit être rapide, le donneur qui approche les 52 ans en moyenne en France doit avoir préparé sa famille, lui éviter une situation difficile, et celle-ci doit immédiatement témoigner de la volonté du donneur. Réduire le déficit entre offre et demande passe par l’autosuffisance en provenance de cette source. Les donneurs vivants doivent rester complémentaires.

Sinon que risquons-nous ? Doit-on entendre matières premières, pièces détachées lorsque l’on parle d’organes ? Une marchandise, un vendeur, un prix, un acheteur, un marché. La pénurie du système non marchand à pour conséquences l’allongement des listes d’attente des demandeurs, le développement du trafic d’êtres humains, d’organes et le tourisme de transplantation.

Le rapport stigmatise deux possibilités : le marché libre sur Internet, avec prix futurs payés au donneur, et le marché régulé par l’Etat avec prix fixe. Dans les deux cas, l’argent rencontre la conscience, l’éthique, la misère et parfois le crime. La médecine ne doit pas tenir le rôle de courtier.

Que faire ? Il faut détruire ce marché souterrain et ces trafics en augmentant l’offre non marchande. Encourager les donneurs à exprimer oralement, par écrit autour d’eux leur volonté de donner une fois mort. Comment faire ? C’est simple : commencer par cliquer ici.

Publié dans les Échos le 17 10 2009