Moins de Chine, plus de Japon… et Glencore

La Chine grogne en s’assoupissant, la Japon rugit en se réveillant. Les deux phénomènes du premier semestre 2013 ont des impacts sur les ressources naturelles.

Chine

S’assoupir n’est pas s’endormir et encore moins disparaître et la Chine qui s’assoupit développe une énergie équivalente à celle de l’Europe pédalant en tête dans l’ascension de l’Alpe d’Huez.

Plus de la moitié de la production mondiale d’acier est désormais chinoise. Elle ne faiblit pas car elle est toujours tournée vers la construction intérieure continument en croissance mais aussi vers l’exportation, y compris l’acier inoxydable. Ailleurs, la production baisse sauf aux Etats-Unis grâce aux coûts des hydrocarbures de schistes, sauf dans le reste de l’Asie et sauf en Inde. Les producteurs de minerai de fer, de chrome, de nickel… font face à cette adaptation géographique en désertant l’Europe.

En Chine, les rumeurs d’une baisse de la demande de métaux de base sont aussi une illusion d’optique : des statistiques de stocks ne sont que le résultat d’une mutation géante qui voit l’importation de métaux diminuer mais celle de concentrés et de minerai de cuivre et de nickel augmenter tandis que l’aluminium ou le zinc sont déjà des métaux “Made in China”. L’électricité influe sur le coût de tout cet ensemble. Nous ne devrions pas quitter des yeux ses chiffres de production tout en observant une consommation d’hydrocarbures en attente du prochain décryptage du code permettant la production de pétrole et de gaz de schiste chinois.

Comme prévu ici même, en Chine l’or n’a pas trouvé de relais de croissance après avoir perdu l’intérêt des investisseurs aux Etats-Unis. Toutefois, des commentaires d’académiques qui nous ont rejoints sont excessifs sur la baisse des prix, comme le sont les retardataires. Du coté des producteurs, de rares pépites enfreignaient l’inepte règle prohibant l’arbitrage de production et ces mines disposent donc d’un relai de revenus.

Japon

Le Japon se réveille et les objectifs industriels ambitieux que nous devrions connaître prochainement dans le détail sont positifs pour les ressources naturelles. Pour le moment, le plan signale plus d’exportations d’ingénierie nucléaire et donc plus de consommation, notamment d’acier et de cuivre ; plus d’exportations de moyen de transport – train, automobile – qui bénéficieront à toutes les ressources métalliques, énergétiques et plastiques ; plus d’exportations de bien de consommation intégrant les métaux stratégiques situés au centre d’une compétition entre le Japon, la Corée et la Chine.

Le Japon espère aussi plus de revenus agricoles car chacun sait qu’un agriculteur pauvre produit d’abord pour sa propre subsistance avant de produire pour la nation.

Conclusion

La stratégie à adopter dans cet entre-deux était fléchée sur ce blog il y a quelques mois. Elle permettait de céder ses actifs fortement chargés en or avant les autres.

Revenir vers les grands producteurs tels que BHP Billiton ou Rio Tinto qui approvisionnent la zone asiatique est une prochaine bonne idée. Ils terminaient leur toilettage et leurs principales mines restent très rentables. De même, avec l’aide du Qatar, la fusion Glencore Xstrata se déroulait selon nos hypothèses. Ici, les désormais non-versatiles marges de trading complètent l’activité industrielle. La saga des ressources naturelles est loin d’être terminée.

Que va-t-il se passer ?

Une Chine légèrement assoupie mais qui, comme d’habitude, se réveillera après l’été, plus un Japon qui s’est réveillé au printemps favoriseront tous ces grands producteurs situés aux portes de l’Asie.

Loin de Paris 1+1=3.
Publié dans Les Échos le 22 05 2013