Où investir dans les ressources naturelles, comment acheter pour l’industrie en 2014 ?

Platine, Or, Zinc, Uranium, Pétrole, Fer, Cuivre, Nickel, Zircon … Une rapide revue de détails des grands fondamentaux des marchés : Arabie Saoudite banque centrale du pétrole, l’or moins 20%, le zinc à la fête, le platine en danger, l’uranium excellent pour le consommateur, le nickel incertain, cuivre stable, rutile, zircon et ilménite sur le retour…

Or

L’or cote 1250 dollars l’once ou 927 euros. La vente des volumes fortement spéculatifs, environ 35 milliards, à comme prévu fait baisser les prix d’un tiers l’an dernier. Actuellement quelques positions courtes sont couvertes, mais le renforcement du dollar, l’amélioration de la conjoncture et la situation particulière des importations indiennes renforceront une baisse . Les montants encore investis dans le physique sont toujours volumineux et cette deuxième liquidation aura des conséquences plus dramatiques sur les prix. Mais en contrepartie les rares mines d’or hedgées verront leurs actions être recherchées. Au total, nous devrions encore perdre 20% vers les 1000 dollars l’once avec des pointes basses à 800 dollars. En euro, la baisse sera amortie par l’affaiblissement de la parité euro/dollar vers, en moyenne, 750-800 euros.

Platine et palladium

De nombreuses bonnes nouvelles sont déjà intégrées dans les prix. Les mauvaises, telles que de prévisibles tensions émanant de la production, ne sont cependant pas à négliger du coté d’une Afrique du Sud qui n’a pas encore reconstruit sa doctrine minière nationale. Cependant les coruscants  investisseurs qui disposent ne non-moins coruscants stocks des deux métaux seront des freins aux envolés des prix. Le palladium qui n’a pas confirmé les espoirs d’inflation en 2013 devrait rester dans une progression modérée. Enfin, l’écart platine-or à toutes les chances de s’élargir petit à petit vers une  base de 500 dollars.

Zinc

Le premier producteur de zinc au monde est la Chine, 38% de la production mondiale. Elle est également le premier consommateur, 45% de la consommation mondiale.
A l’image de la plus grande mine de zinc au monde qui fermera dans un an en Australie (avec elle disparaissent 4% de la production mondiale), la production non-chinoise est en baisse. En effet, les nouvelles mines qui rentrent progressivement en production affichent des taux de remplacement qui ne laissera l’esprit tranquille qu’au néophyte, celui qui néglige qu’une nouvelle mine s’accompagne le plus souvent de retards. La production de l’empire du milieu est donc la clef des fondamentaux de ce marché et le déficit de l’offre provoque déjà une augmentation des prix dont bénéficient également les affineurs de zinc.

Les aciers galvanisés sont les premiers consommateurs de zinc. Plus développée en Europe et outre-Atlantique qu’en Chine cette consommation profite de l’embellie sidérurgique occidentale, et la production chinoise est en rattrapage incessant. Cette amélioration de la demande favorise encore l’amélioration des cours du zinc.

Uranium

Les prix de l’uranium reviennent aux niveaux de 2005 en poursuivant leur stabilisation à la baisse. Cet effondrement  était initié non pas après l’accident de Fukushima, mais trois années auparavant dès 2007.

Peut-on espérer une amélioration des prix ? En France, compte tenu de notre exception énergétique nucléaire, nous devons espérer l’inverse pour modérer notre facture d’électricité,  bien que dans une centrale nucléaire le coût du combustible soit marginal. 

Un autre consommateur pense la même chose. La Chine est le premier acheteur mondial car les organismes en charge des stocks stratégiques de ressources naturelles continuent d’accumuler une réserve équivalente, à ce jour, à environ une année de production mondiale d’uranium ; c’est-à-dire 8 ans de consommation chinoise actuelle, mais environ une à deux années de la future consommation de croisière nationale. Et la Chine continuera d’acheter car si 17 réacteurs fonctionnaient en 2013, 5 nouveaux réacteurs rentrent en fonction en 2014 et la capacité de production d’électricité passera de 14GW en 2013 à 50GW en 2017.

Néanmoins avec le ralentissement de la consommation allemande, en attendant l’attente des redémarrages des centrales japonaise et coréennes, dans la configuration actuelle, nulle hausse des prix ne se fera sans une baisse conséquente de la production minière, elle n’a pas démarré avec ampleur. Tant mieux pour les consommateurs.

Cuivre

Loin des idées reçues les cours du cuivre sont bas avec peu d’espoir d’un grand affaissement, au contraire. La Chine prévoit d’acquérir 12% de cuivre de plus que l’an dernier pour élargir le réseau électrique national et, par exemple, relier les éoliennes qui tournent dans le vide aux pôles de consommation.  Les cours ont de grandes chances d’être orientés à la hausse.

Nickel

Le marché souffre de surproduction et une hausse durable des prix du nickel en 2014 est loin d’être une certitude en dépit de l’embargo des exportations de minerais nickélifères indonésiens vers la Chine et le Japon.

C’est un exemple supplémentaire d’une Doctrine nationale des ressources restrictive en vue de la capture d’une valeur ajouté locale. Sans une parfaite étanchéité, elle est cependant vouée à un certain échec.

En effet, les sociétés minières spécialisées dans le nickel et aux coûts élevés connaitront de nouveau de grandes difficultés parce que les prix ne remonteront pas suffisamment tant les stocks mondiaux de nickel connus mais également les stocks cachés ne serons pas absorbés –cela prendra plus d’un an- ; tant qu’une forte progression de la production d’acier inoxydable mondiale ne sera pas avérée ; tant que Djakarta n’aura pas été confronté aux conséquences économiques et sociales, non encore cristallisées, de son embargo et de l’augmentation de son déficit commercial de 10% ; tant que produire du nickel en Indonésie dans deux ans ne sera pas moins cher que produire du nickel en Chine aujourd’hui ; tant que cet  embargo sera l’unique expression compétitive du nationalisme des ressources  indonésien;  tant que les progrès techniques chinois permettront le remplacement du minerai nickélifère indonésien par celui des Philippines.

Aluminium

Les producteurs d’aluminium sont trop nombreux et les stocks de métal élevés. Malgré une hausse continue de la demande, celle-ci n’est pas suffisamment ardente pour absorber les excédents des années passées. Les modifications des règles de stockage du marché londonien ne militent pas pour une augmentation des prix qui trouvent peu de raisons de s’apprécier, sauf via les primes logistiques adirées vers des sommets parfois incompréhensibles.

Minerai de fer

Le minerai de fer est un marché bien géré. L’augmentation de la production est en ligne avec l’augmentation de la consommation notamment en Asie. Naturellement, la Chine est le premier pays consommateur mondial mais les mines chinoises ont des coûts de productions supérieures aux mines australiennes et brésiliennes. Si Pékin maîtrise pour partie la hausse des prix, la Chine ne peut se permettre une baisse des prix périlleuse pour sa propre industrie minière. Les mines australiennes ont des coûts en moyenne 3 fois inférieurs aux prix internationaux et elles restent un achat de sécurité pour les investisseurs.

Pétrole

Le prix du pétrole rejoindra la zone des 90 dollars sous une triple pression :
L’Arabie Saoudite est la banque centrale du pétrole, elle n’est pas limitée par son outil de production et elle peut produire beaucoup plus pour répondre par exemple à une hausse de la demande asiatique.

Les Etats-Unis et le Canada combinés rejoignent l’Arabie Saoudite à la première place des pays producteurs, mais à l’inverse de cette dernière les capacités de production outre-Atlantique ont une limite et les coûts de production sont entre quinze et vingt fois plus élevés. Par ailleurs, le nationalisme des  ressources américain s’exprime, comme en l’Indonésie pour le nickel, par une restriction des exportations du pétrole états-uniens, elles ne sont tolérées sans conditions que vers le Canada. Mais en 2014, peut-être sera-t-il autorisé avec peu de barrière d’exporter du pétrole brut vers d’autres destinations telles que le Mexique, la Corée ou le Japon.

Si l’on ajoute la construction de l’oléoduc qui traverse les Etats-Unis du nord vers le sud, l’ensemble militera pour une fluidité déflationniste du marché.

La Libye, l’Iran, le Soudan, l’Irak ont tous une bonne raison de détenir la clef d’une perspective positive sur l’offre de pétrole de 2014 ; ou négative si leurs productions  s’entourent  de conditions belliqueuses.

Rutile, Zircon, Ilménite

Utilisés comme matière première  dans des secteurs aussi variés que le bâtiment, l’aéronautique, l’électronique, le transport, les biens d’équipements, l’agroalimentaire, l’énergie…, les sables minéralisés  sont d’excellents indicateurs de la conjoncture industrielle mondiale.

Naturellement les offres de Zircon d’une part et de  Rutile et d’Ilménite d’autre part ont des fondamentaux différents les uns des autres. Néanmoins  les  trois voyaient leurs prix multipliés par plus de trois entre 2009 et 2012 ; une inflation interrompue en 2013, les prix étaient divisés par deux. En 2014, les baromètres des économies européennes, américaines et asiatiques remontent, une fois les stocks totalement épurés les prix ne devraient pas échapper à une embellie.

Publié dans Les Échos le 03 02 2014