Vendre l’or de Corvus Gold, mais quand ?

Il est temps de jeter à nouveau un coup d’œil vers l’or. Trois options pour investir : l’or physique ou compte en or, les mines et les juniors exploratrices.


Il est temps de jeter à nouveau coup d’œil vers l’or. Trois options pour investir : l’or physique ou compte en or, les mines et les juniors exploratrices.

Passons sur les deux premiers, les lingots c’est simple et des mines enregistrent déjà une hausse cette année.  Regardons la troisième dont le meilleur effet de levier doit être ausculté avec le filtre anti-charlatan : anticiper la valeur d’une junior, future mine d’or, alors qu’elle n’est qu’au stade de l’exploration sans encore de découverte. Quels ingrédients sont appréciés ?


• Avoir des perspectives de découvertes d’or exceptionnelles ou tout le moins dans la moyenne supérieure. Les risques seront limités si la zone explorée est un territoire aurifère historique;
• Des infrastructures déjà disponibles (route, aéroport, électricité…);
• Une communauté proche et disponible pour travailler dans la future mine et ainsi éviter de déplacer une main d’œuvre onéreuse;
• Un environnement juridique stable;
• Une équipe dirigeante expérimentée;
• Un objectif partagé par tous les actionnaires : vendre les découvertes à un mineur.


Corvus Gold est un cas d’école. C’est une petite junior exploratrice, son territoire est situé à l’ouest de Las Vegas dans une zone historiquement aurifère du Nevada, elle y repérait des veines d’or. À ce stade, après un travail complet, elle souhaiterait  pouvoir révéler des chiffres de ressources indiquées ou bien mesurées aux environ de deux millions d’onces. Dans ses plus beaux rêves, elle imaginerait un potentiel de de ressources géologiques de cinq millions d’onces. Attention, elle n’a donc aucunement prouvé de réserves économiquement viables même si elle évalue un futur coût de production aux environs de 700$. Mais la future mine bénéficierait de bons points : les infrastructures existantes, le savoir-faire minier dans la population locale, une juridiction stable et le travail d’une équipe d’explorateurs qui s’affiche comme expérimentée.


Mais son actionnariat est déjà très concentré (NB : l’auteur n’est pas actionnaire de Corvus Gold). La capitalisation boursière de Corvus Gold est d’environ 70 millions de dollars et au cours du récent déjeuner parisien de Cornis Finance, les documents distribués indiquaient que Tocqueville AM LP détenait 18.6% du capital, Anglogold Ashanti Ltd 15.5 %, Van Ecke Global 3.6%. Avec 8.6 % du capital, le management ne contrôle plus l’avenir de la société mais il aurait été assez astucieux pour mêler des gérants à la construction de la vision stratégique de l’entreprise.

Cependant, une différence d’appréciation de l’agenda peut-elle se révéler entre ces deux groupes d’actionnaires ?


Le but d’une junior est de vendre ses découvertes à un mineur. Le calendrier d’une vente peut-elle différer selon que l’on est géologue et actionnaire de Corvus Gold ou bien actionnaire de Corvus Gold et gérant de fonds ? Si une découverte d’or substantielle, progressive et économique  a lieu, les premiers seraient-ils  heureux de rapidement doubler ou tripler la mise sans attendre ? Pour passer à autre chose. Mais les seconds auront-ils un autre agenda? Peut-être imaginent-ils un meilleur ratio si un potentiel de cinq millions d’onces était atteint et que le prix de l’or retrouve les 1500$ ? Dans ce cas, pourquoi ne pas attendre un facteur dix avant d’échanger ses actions ou de les vendre ?


Le premier risque d’une junior est de jamais rien trouver, mais le second problème apparaît lorsque le chercheur est devenu trouveur: c’est-à-dire bingo pour l’actionnaire à condition de continuer de s’entendre avec les géologues. Le premier a la décision, les seconds l’information.
Publié dans Les Échos le 13 02 2015