Vous n’achetez pas de mine d’or au Canada ?

Les banques qui relayent le message : échangez « l’or physique sur terre » pour de « l’or physique sous terre » sont peu nombreuses.

Les mines d’or ne sont pas attractives, pourquoi ?

Première raison. Le contexte dans lequel sont commercialisés des produits or avec livraison physique de lingots et de pièces (effet sécurité instantané pour le client, frais de gestions bancaires indolores) plutôt que des mines.
Les ménages, qui placent leurs actifs dans l’or physique, l’argent métal, les diamants, l’immobilier, le vin, les terres agricoles, n’ont « plus confiance dans le système ». Certains s’embrument l’esprit d’idées centrées sur le retour du bimétallisme, de la remonétisation de l’or (la dette de personne) et de l’argent métal.
Si l’hypothèse d’une re-monétisation de l’or était mise en œuvre, à t°, « l’or papier » créé quotidiennement sur les marchés propulseraient le prix de l’once d’or physique dans la stratosphère (xxxx 000$ l’once). Cet « or papier » échangé contre du physique, sans parler de la création monétaire journalière qui se compte en zillions, absorberait, en moins d’une semaine, tout l’or physique disponible dans les réserves d’or des banques centrales. Capitulation économique.
Hypothèse pour hypothèse, étouffer l’or, l’empêcher de muter en un brasier monétaire, parait un scénario tout aussi absurde. Figer le prix de transaction de l’or proche du coût marginal de production, sans lui attacher de valeur monétaire (pas de Brettons Wood n°2), serait une solution à appliquer immédiatement aussi à l’argent métal, à l’immobilier, aux denrées alimentaires… Sacré programme …

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Deuxième raison. Les mines d’or sont naturellement décorrélées des prix de l’or. Depuis les années 90 elles le furent à trois reprises, telle une sinusoïde : dans un premier temps, les mines furent en avance sur l’or et elles baissèrent ; puis elles furent en retard et montèrent ; de 2002 à 2008, elles restèrent exceptionnellement corrélées. Depuis 2008, il y a de nouveau rupture, les mines sont à la traîne (voir le graphique ci-contre). Cette désunion, qui présage d’une cohésion prochaine, est aussi intéressante par son amplitude : les mines offriront des résultats 2010-2011 en dehors du commun, le rattrapage peut être violent.

Troisième raison. Les mines d’or sont encore muettes sur l’utilisation de leurs futures et imposantes liquidités. Vont-elles rendre de l’argent aux actionnaires (dividendes, rachat d’actions) ou bien privilégier la croissance (fusions et acquisitions). La première possibilité nous attire vers les grosses cylindrées, la seconde vers les juniors dont les gisements, contigus à une mine en exploitation, restent à des prix raisonnables. Toutefois, pour le moment, il y a ce trou d’air dans la communication financière minière, et, de plus, les banques qui relayent le message : échangez « l’or physique sur terre » pour de « l’or physique sous terre » sont peu nombreuses. Elles restent à l’item n°1.

Quatrième raison. Elle découle de la précédente, le trou d’air dans la communication financière. Si Euronext et le LSE offrent des mines d’or (notamment les russes), Toronto est la Mecque des belles mines d’or internationales et des belles exploratrices. Cependant, force est de constater qu’en ce moment les banques canadiennes chargées du marketing sont défaillantes. A Paris, par exemple, une mine canadienne me révéla faire ses road-shows européens avec un expert de Genève plus performant, professionnel et productif qu’une banque de Montréal ou de Toronto !

Conclusion
Si l’or se stabilise à 1.850-1.900 dollars, c’est une faute de gestion que d’attendre le rétablissement d’une corrélation mines/or. Si le prix de l’or baisse, c’est aussi une faute de gestion que de ne pas anticiper les résultats de cette année. Si la communication « bancaire mine d’or » ne s’améliore pas, que l’or continue de monter, « les arbres montent au ciel », regardons d’autres mines mieux conseillées : cuivre, zinc, fer, charbon…

NB : Des considérations comparables favorisent les mines d’argent métal.
Publié dans Les Échos le 16 09 2011