ZinZin de Zinc, la machine à gagner

Continuons notre tour d’horizon de la situation macro des minerais. Après le lithium, le cobalt, les platinoïdes, le manganèse, le cuivre, l’or, l’aluminium et avant d’aborder d’autres ressources naturelles arrêtons-nous une minute du côté du zinc.

Il y a plus de 10 ans les prix du zinc culminaient à 4500 $ la tonne, divisés par 4 début 2009 ils subissaient un glacis de 7 ans autour de 2000 $. Puis, après un trou d’air à 1500 $ début 2016, en 2017 la situation est clarifiée, les prix revenaient petit à petit sous les 3000 $.

La production hors Chine était en baisse d’environ 15 % en 2016 parce que des mines épuisées ont fermé ces dernières années, Glencore a réduit sa production et les excès des années passées n’ont pas encouragé des efforts d’exploration. De son côté la production chinoise a été poussée au maximum de ce que l’environnement tolérait. En conséquence, la Chine était en manque de métal et asséchait le marché mondial des concentrés miniers de zinc pour fournir ses industries. Malgré ces razzias la baisse de production des affineurs de zinc chinois est attendue de l’ordre de 5 %.

La consommation de zinc est à hauteur de 60 % dans l’acier galvanisé, sa clientèle n’a pas réellement faibli au cours des dernières années : bâtiment, automobile, infrastructures, routes de la soie, énergie solaire… En hausse constante depuis des années, la consommation mondiale est de nouveau attendue en hausse de l’ordre d’environ 3 % cette année.

Les pénuries ne permettant aucune issue, la substitution prend tôt ou tard le relais pour abaisser le déficit entre offre et demande, mais c’est un long processus sans garantie de succès. Cette possibilité est toutefois en général précédée par l’ouverture d’une dernière porte : la baisse des stocks. Justement, les stocks du LME sont passés en 6 mois de 400 000 tonnes début 2017, à 300 000 tonnes fin juin. Ils représentent à présent une semaine de consommation mondiale environ.

Ultimo, cette tension sur le zinc, favorable aux mineurs, dégrade les affineurs de zinc. Trop nombreux face à la pénurie de minerais, les plus faibles réduiront considérablement leur activité. Mais au moins l’un d’entre eux pourrait avoir un avenir différent. L’histoire est intéressante : après avoir naïvement acheté en 2009 des mines au prix fort, un affineur voyait s’accélérer sa faillite ; le départ du responsable de l’erreur managériale, une augmentation de capital salvatrice et la revente de certaines mines le tiraient d’affaire ; puis les prix actuels remontants, l’attractivité des mines restantes les transformaient en profit. Dans sa configuration actuelle, être mineur et affineur, est désormais une carte gagnante.

Au final les fondamentaux du zinc sont excellents. Sans compter la future demande indienne, La demande est en hausse notamment dans des secteurs en forte croissance (santé, solaire, habitat, big data,…). Stabilité chinoise exceptée, l’offre est en légère hausse, mais elle est en retrait sur la consommation.

Dans une telle configuration de marché sous tension, l’histoire anticipera des retards du côté des hausses de production plutôt que des effondrements de la consommation. Les prix qui ont quasiment doublé depuis janvier 2016 étaient temporairement figés depuis mars 2017. Mais la récente révélation d’une nouvelle forte baisse des stocks en juin les encourageait à repartir à la hausse. Où s’arrêteront-ils ?

Publié dans Les Échos le 25 06 2017