Acheter des milliards de cuivre, blé, gaz, zinc, zirconium, platine…, ou bien acheter des producteurs ?

Les marchés calmes se ressemblent tous ; les marchés agités sont agités chacun à sa façon. Tout était sens dessus dessous dans la maison des matières premières au retour de vacances du trader Lev Tolstoï.

Depuis dix ans des milliards se sont réfugiés dans des produits structurés construits autour des métaux précieux, énergies, agriculture, métaux de base, minerais, fret… Chaque investisseur recherchait une exposition aux pays émergents et un refuge à la crise. Aujourd’hui des émergents ont émergé, et le premier signal de sortie de cette crise mondiale en W (type Cassiopée avec une branche gauche plus basse que la droite, un mini double dip) était l’affaissement de l’or cet été. Parions sur cet avertissement !
Bientôt le GRO (Global Risk-On, l’appétit pour le risque) débouquera du chenal Subprime pour retrouver la haute mer de la croissance. A cet instant chaque investisseurs se demandera : qu’adviendra-t-il des milliards réfugiés dans les matières premières, quitteront-ils cet abri ?

Premiers sur la liste, les étincelants, certains diront coruscants, 100 milliards réfugiés dans les métaux précieux (sans compter les à-côtés : industrie, stocks…) ? Vendront-ils l’or et achèteront-ils les mines, garderont-ils ou vendront-ils les deux ? Entendent-ils déjà les ventes d’or à terme en provenance des mines ? Le gladiateur décidera dans l’arène ! Ratio or / argent

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J’en profite pour répondre rapidement à l’universitaire de Paris Dauphine qui me questionne sur le prix de l’argent métal. Regardons un moment l’or et l’argent. Observons sur ce graphique (cliquer pour zoomer) qu’après une longue période à 70 puis 50 le ratio or/argent remonte à 65 – une pointe à 85 au moment de la chute de Lehman. Une variation de 30 % sur une longue période pourtant riche en événements politiques et économiques. La réponse à votre questionnement reste rivée au prix de l’or, hier comme aujourd’hui les cours de l’argent n’en seront pas indépendants et dans l’instant le seul élément qui compte est l’ETP argent, les autres fondamentaux restent aux oubliettes.

Second sur la liste des problèmes, l’agriculture. L’effet intumescent de la météorologie estivale d’Europe centrale sur les prix du blé se prolonge par l’embargo d’exportations russes. Le maïs, le soja, le coton, le cacao, le café, pour d’autres raisons sont tous aussi orientés à la hausse. Une forte volatilité ne donnerait rien de bon ; déjà des tensions réapparaissent en Afrique à la suite d’augmentation de prix de denrées agricoles ; espérons ne pas revoir les images de 2007. Nous reparlerons des effets du marché de la potasse et des engrais sur les produits agricoles car nous distinguons là, en transparence, le modèle fer-acier de BHP.

Justement, anticipés mais non résolus, les prix du minerai de fer connaissent l’incertitude classique des prix moyennés contre prix spot ; de vastes chantiers commerciaux sont en perspectives chez les aciéristes (Urgent, « hedger » mon minerai de fer). Thèmes fortement liés à l’Asie et, à ce propos, pour améliorer notre culture générale et économique asiatique, je vous recommande la lecture de GaveKal.

Autres ajustements prévus sur ce blog, les prix internationaux du gaz. De nouvelles références internationales sont attendues. Il sera intéressant d’en comprendre les effets sur le prix offert aux consommateurs mais aussi sur les prix du charbon thermique.

A l’exception du cuivre du plomb et de l’alumine, les métaux de base sont en surcapacité mais le plus mal loti semble bien être le nickel. La perte de contrôle intra-pacifique entre fonte de nickel, ferronickel et le métal reste incompréhensible, son impact sur les prix est réel. Du Pacifique aux glaces septentrionales la maison nickel est submergé de stratégies politiques, il y règne un grand désordre.
Un mot sur la situation difficile de l’uranium car un leadership ne subit pas les prix, il les fixe. Malgré une hausse cet été son marketing semble désarmé sans un trading dynamique.

Au final, des mégistants et autres analystes affirment que les matières qui se maîtrisent (le zirconium, le cuivre, les charbons, le platine, le rhodium, le rhénium…) seront, comme les autres, sacrifiées au profit d’investissements dans les sociétés productrices. D’autres mystagogues assurent que les matières premières et sociétés productrices conserveront l’intérêt des investisseurs. Les ressources, selon eux, ne retourneront jamais dix années en arrière alors qu’elles attiraient trente fois moins d’intérêt. Au GRO ce seront 300-400 milliards qui seront en question et, quoi qu’il en soit ces marchés de ressources naturelles restent étroits ; ils verront leur volatilité travailler, le marin dira ramorder, s’il faut déboucler rapidement dix années de trading sans qu’aucune réglementation spécifique (dont l’européenne) n’agisse en prélart.

N’entendez-vous pas monter le débat de fin de crise : si les ressources ne sont pas contra-cycliques faut-il privilégier les matières, les sociétés productrices ou bien les deux ?
A ce propos, voulez-vous détaillez dans votre commentaire vos ressources naturelles favorites et/ou vos entreprises de matières premières préférées ?

· Métaux précieux, énergies, énergies renouvelables, agriculture, métaux de base, fret, CO², minerais…
· Apache, A-Cap, Acerinox, Agrium, Aneka, Anglo American, AngloGold Ashanti, AngloPlat, Anooraq Resources, Antofagasta, Aquarius Platinum, Arcelor Mittal, Areva, ARMZ, Barrick, BHP Billiton, BP, Cairn, Cameco, CF Industries, Chevron, CNOOC, Coeur d’Alene, ConocoPhillips, DRDGold, Eastern Platinum, Eni, ENRC, ERA, Eramet, Evraz, Exxon, Exxaro, Ferrexpo, Fresnillo, Gazprom, Goldcorp, Gold Fields, Harmony, Hochschild Mining, Idemitsu, Iluka, INPEX, JFE, Implats , JX Holdings Kazakhmys, Kinross Gold, Kobe Steel, Kumba, Lonmin, Lukoil, Marathon Oil, Mechel, Mineral Deposits, Monsanto, Newmont, New World Resources, Noble Energy, Northam, Novatek, Occidental Petroleum, Oil India, Origin Energy, Pan Americain Silver, Paladin, PetroChina, Petropavlovsk, Polymetal, Potash, Randgold Resources, Repsol, Rio Tinto, Rockwood, Rosneft, Royal Dutch Shell, Salzgitter, Santos, Severstal, Silver Wheaton, Sinopec, SK Energy, SOCO, SQM, SSAB, Statoil, Suncor, Thyssenkrupp, Total, Uralkali, Uranium One, Vale, Vedanta, Vilmorin, Voestalpine, Woodside Petroleum, Xstrata

Publié dans Les Échos le 06 09 2010