Les 17 et 20 janvier 2010 nous nous posions la question « faut-il réinvestir dans les matières premières en 2010 ? » L’année n’est pas close mais d’ores et déjà la réponse est bien affirmative.
Nous étions justes sur les métaux précieux : un seul sur trois se révélait réellement performant. En effet, « tout ne sera pas si facile », disions nous pour les prix du platine. De manière irrégulière, il progresse en effet de moins de 20 %. Ni les nouveaux ETC ni les problèmes de production ne justifiaient des cours très brièvement supérieurs à 1.786 dollars le 9 novembre, avant de retrouver ses bornes 1.550-1.700.
L’or, la dette de personne. « Il y a déjà
belle lurette que nous devrions être à 1.500 dollars et nous sommes
‘topish’ à 1.200 dollars », disions nous. Pessimistes d’à peine 15 %,
l’or s’arrêtait sous les 1.421 dollars le 9 novembre, au plus haut de
son fixing. Les prix sont toutefois bien loin des 2.000, 3.000 dollars
voire 10.000 dollars évoqués dans des prédications.
S’il fallait résumer l’or, deux billets suffisent : souveraineté financière stigmatisée dans « Echange dette nationale contre archipel », et une issue à la bulle de l’or dont on parlera ici « L’or, c’est si bon ».
Une faute serait pour les mineurs de ne pas envisager à un moment ou à
un autre de reprendre des ventes à terme. A contrario des deux premiers
métaux précieux, le palladium était en nette hausse confirmant ainsi nos
prévisions « d’une nouvelle configuration de l’offre » et « d’une
avancée des prix de 50-100 % ». De 420 dollars en début d’année, il
progresse vers les 800 dollars, soit près de 80 %.
En avance sur le G20 j’écrivais en janvier que « Les terres agricoles étaient récemment logées dans une stratégie d’investissement défensive. Bientôt l’agriculture sera une perle, mais des limites strictes sont souhaitables. N’est-il pas plus savoureux de se concentrer sur les moyens de production ou encore les producteurs plutôt que sur les récoltes ? » Vœux pieu, et nous verrons ensemble l’état des prochaines nouvelles réglementations sur les produits financiers agricoles notamment européens voire chinois. Cependant, sans remettre en cause les objectifs, je crains qu’ils ne soient contournés.
A ce jour, les métaux de base sont dans les traces de nos prévisions du début d’année.
Le cuivre a effectué la pause que nous envisagions avant de continuer sa
progression vers des plus hauts (+ 16%) et les stocks ont beaucoup
baissé.
Les prix de l’aluminium, en yoyo, terminent dans les plus hauts de
l’année. Sans doute ne sommes nous plus très loin du point où trois
forces conjointes, le prix de l’alumine, les importations indiennes et
le prix de l’électricité, propulseront son prix.
Le nickel connaît une nouvelle année mitigée, une progression d’environ
44 % suivie d’un effondrement de 52 %. Pour l’heure, le métal reste très
erratique, il gagne moins de 25 % mais peut les perdre dès demain. Les
stocks sont encore très élevés, les fondations fragiles et « mieux
organisé, le nickel pourrait mieux faire », disions nous. C’est toujours
le cas.
Les prix du zinc commençaient l’année au plus haut et déclinaient dans
l’ensemble. La constitution, sous nos yeux, d’un géant minier du zinc
est en approche, elle a progressé et s’accélère.
Côté demande, l’acier galvanisé restait en retrait.
Les matières en vrac (minerai de fer, charbon
thermique, charbon coke) connaissaient la belle année que nous
envisagions. Elles sont accessibles via leurs producteurs et les
aciéristes dotés d’un accès compétitif à ces ressources. Les actions des
grands du secteur ont effectivement parfaitement progressé. Côté
énergies, nous sommes dans l’esprit de la baisse du gaz, de la légère
hausse du pétrole et de la hausse de l’uranium.
En reflet, il est intéressant de comparer les actions minières et les
actions pétrolières sur le graphique : les premières progressent depuis
janvier 2009 tandis que les secondes stagnent voire baissent.
L’année 2011, déjà prête, réservera quelques surprises mais pour ma part j’observerai avec attention les stratégies de ces riches sociétés de ressources naturelles, notamment minières, pour utiliser leur pléthorique trésorerie disponible. Seront-elles le miroir des matières qu’elles exploitent : brillantes pour les métaux précieux ou le cuivre, porteuses d’espoir pour le fer, le charbon, l’aluminium ou bien désordonnées pour le nickel ?
Publié dans Les Échos le 06 12 2010