Au cours de l’été boursier meurtrier 2011 de nombreux lingots d’or ont été achetés pour être immédiatement logés en chambre forte. Réflexe spasmodique décrit l’or AAA, l’or Poison .
Le problème que rencontrent certaines agences bancaires est la hausse de demande de location de coffre. A Londres la situation du stockage de l’or est aussi tendue. Le nombre de lingots immobilisés via les ETF, véritables banques centrales de l’homme de la rue, est telle que les entrepôts nécessitant une sécurité adaptée sont devenus insuffisants. Mais, le rapatriement de l’or vénézuélien n’a rien à voir avec le coût de stockage et ne ressemble qu’à un mauvais remake des rapatriements de l’or français de Fort Knox au cours des années 60. Il est vrai qu’à cette époque on expliquait des choses.
L’évasion fiscale connaît, elle aussi, des
mouvements erratiques. Dans le passé, l’argent de l’évadé fiscal
fructifiait à l’étranger et laissait une trace sur un compte. Au fur et à
mesure que les états en hémorragie de capitaux négocient dans la douleur
des accords de transparence avec les banques qui accueillent cet
argent, l’incivil fiscal, menacé par l’arrêt du secret bancaire, ne
chercherait plus à faire travailler son argent. Qu’il cacherait aussi
bien de son propre fisc que de la banque étrangère qui l’accueille en
l’y logeant dans un coffre. Dans ces banques d’anciens phénomènes
réapparaissent : le coffre contenant une valise. Que contiennent ces
valises ? Ce qui est suffisamment petit, défensif voire en inflation :
l’or (+32%), de petits diamants (+30%), du platine ou du palladium…
Conséquences, les administrations fiscales seraient handicapées dans
leurs recherches et les banques d’accueil qui ne placent pas cet argent
ne seront pas commissionnées.
Le CAC 40 est-il la bonne place ?
Le premier graphique indique le prix des matières premières qui comptent par rapport au 1er janvier 2009. Les prix de l’or, déjà commentés précédemment, sont moins dynamiques que le prix de l’argent métal, du fer ou du zinc. Les autres ressources démontrent une grande résistance à la déflation depuis le début 2009. Les fondamentaux l’expliquent : production, consommation, coûts de production, valeur refuge.
Le deuxième graphique indique le CRB et le CAC, sans commentaire.
Le troisième graphique indique en valeur relative depuis janvier 2009 les principaux groupes miniers et le CAC. Evidemment il vaut mieux investir dans une mine de zinc, de cuivre, de charbon, de fer que dans des mines de platine ou d’or. Mais il vaut mieux une petite mine de platine que le CAC.
Sur le quatrième graphique, l’indice français chute et rejoint ses mauvaises performances de 2009. En valeur relative, d’autres places financières font mieux et restent au dessus de février 2009, parfois très largement : entre 200% et 40% pour Moscou, Sao Paulo, Bombay, Toronto et Shanghai. De plus, le CAC ne comble plus son retard sur les indices européens eux aussi en retrait. Il n’y a rien de nouveau : le monde boursier continue sa scission. Il est coloré de rouge à cause des effets des deux crises (Europe, Etats-Unis) d’une part et, d’autre part, de vert grâce au monde émergent et à celui des matières premières (Russie, Brésil, Inde, Canada, Chine).
Que faire ?
Céder à la tentation d’attendre le CAC à 2.500 points pour revenir en Bourse, stocker de l’or et des diamants dans un coffre ou bien acheter des valeurs de matières premières, loin du CAC et des financières, qui bénéficieront de la croissance là où elle existera : en Afrique et en Asie ?
Cette dernière perspective apparaît prometteuse, compte tenu des valorisations actuelles et des prix des ressources. Choisissons bien entre le zinc et l’or, le cuivre et le platine et n’attendons pas trop longtemps.
Publié dans Les Échos le 07 09 2011