In La Tribune 25/02/2020
À la suite de l’épidémie du Covid 19 les perspectives de la croissance chinoise 2020 baissaient de 10 %, de 6 % à 5,4 %, sur la base du modèle d’impact du SARS en 2003 : tourisme, transports, commerces et restaurants sont les plus touchés. Cette prévision envisageait un rattrapage économique de fin 2020 à début 2021 grâce aux stimuli du gouvernement chinois : taux d’intérêts, liquidité, fiscalité allégée, bienveillance administrative… Mais elle prévoyait également un retour au terrain connu du modèle économique du SARS dès la fin des célébrations de la nouvelle année chinoise.
Niveau de production beaucoup moins élevé qu’attendu
Hélas, alors que cette dernière est terminée depuis 4 semaines, le niveau réel de production était beaucoup moins élevé qu’attendu. La crise du Covid 19 est différente de celle du SARS : son taux de morbidité est inférieur, mais étant plus infectieuse elle est plus perturbatrice. En conséquence, le modèle économique de la crise de 2003 était relégué et les prévisions de la croissance rentraient en terrain franchement négatif. Par la suite, l’ampleur de cette glissade sera attachée à la maîtrise de l’épidémie au cours du mois de mars, il semble en effet qu’il soit nécessaire de bien vérifier que les patients une fois guéris ne restent pas contaminants pendant quelque temps, multipliant les processus de quarantaine.
Dans le reste du monde, des prévisions négatives font partout surface. L’épidémie limitée à Wuhan et sa région est un scénario loin derrière nous, elle s’étend et continuera de s’étendre dans le reste du monde, notamment dans les régions les plus urbaines et les moins bien contrôlées. Là où confiner autoritairement l’équivalent de la population française restera un défi… malgré le télétravail. En conséquence, l’impact épidémique négatif sur l’économie chinoise est un modèle que d’autres économies pourraient dépasser : en d’autres termes, cela ira plus mal avant que la situation ne s’améliore.
Les prix des métaux et du pétrole en forte baisse
Les prix du cuivre, de l’aluminium, du nickel ou du zinc ont tous baissé depuis la mi-janvier, sans aucune embellie depuis la fin de la nouvelle année chinoise. Le pétrole ne s’est pas remis de sa chute de début janvier, les prix asiatiques de GNL sont exceptionnellement passés en dessous des prix européens alors qu’ils sont historiquement plus élevés, la consommation de charbon est au plus bas, le prix du fret maritime a été divisé par trois depuis octobre 2019, les stocks de matériaux sont en hausse puisqu’ils ne peuvent être consommés : ciment, acier et minerai de fer, verre…
La valeur refuge
À l’inverse et logiquement, l’or est égoïstement la valeur refuge. Il n’est la dette de personne et flattant la partie reptilienne du cerveau il lui fait répéter ces vers de Lucrèce « : « Il est doux, quand sur la vaste mer les vents soulèvent les flots, d’assister de la terre aux rudes épreuves d’autrui ; non que la souffrance de personne nous soit un plaisir si grand, mais voir à quels maux on échappe soi-même est une douce chose ».
Cette contemplation aura cependant une fin, mais une autre crise prendra le relais. Son origine sera plus classique (dette, immobilier, actions, obligations…). Les perspectives de prix de l’or à moyen terme sont donc toujours à 2000 $/T. oz, contre 1680 $/T. oz actuellement. L’épidémie du coronavirus n’aura fait qu’accélérer ce mouvement qui s’est également propagé aux actions des mines d’or. Toutefois, une fois le virus sous contrôle et le vaccin disponible, la recherche de protection du risque s’affaiblira au fur et à mesure du rattrapage économique notamment dans la consommation des ressources naturelles. Ce dernier sera puissant, car le virus a fait perdre la face. Pour la Chine et son dirigeant, cela en est presque une affaire personnelle. Peut-on alors imaginer que la Chine prenne un temps d’avance si elle sort de l’épidémie alors que d’autres pays y entreront ?
Configuration optimiste
Si début mars l’épidémie est sous contrôle à Pékin, fin mars le redémarrage de l’amont des chaînes industrielles serait total, notamment électronique, mais en aval la consommation du reste du monde connaîtrait-elle alors un ralentissement lié à son pic de contamination ?
De cette configuration optimiste qui intègre que l’épidémie ne devienne pas hors de contrôle dans certaines zones du globe, il en résulterait un trou de la croissance chinoise au premier trimestre qui affecterait le reste du monde au deuxième trimestre 2020. Restons optimistes.