Contrairement à une exploitation industrielle, l’or équitable détériore moins l’environnement, s’attache à respecter les conditions de travail des mineurs et est un bon produit marketing.
Un peu plus de 3000 tonnes d’or seront produites cette année dans le monde dont environ 20% sont l’œuvre de 20 millions de mineurs artisanaux. Les 2400 tonnes industrielles se différencient des 600 tonnes artisanales par la technique : mécanisation, informatisation du sous-sol, technologie de traitement… d’un côté mais de l’autre ce sont des communautés, des familles au travail avec peu de mécanisation ; les différences sont aussi financières : accès aux banques, investissement, hedging, … coté industrie mais peu de chose de l’autre ; le marketing est également spécifique : or industriel d’un côté et or équitable de l’autre.
L’or équitable c’est quoi ?
Les 600 tonnes produites artisanalement ne sont pas toutes équitables, loin s’en faut. En 2013, il n’y avait que 5600 mineurs artisanaux opérant selon les règles strictes du label « équitable ». C’est-à-dire, respect de la légalité de l’emprise minière vis-à-vis des autorités du pays, certification du terrain communautaire exploité qui doit être dépourvu de zone archéologique, d’écosystème critique, de zone de conflit …; c’est-à-dire, interdiction du travail des enfants, de travail forcé, de situation humaine dégradante et les conditions de travail doivent obéir aux critères internationaux; c’est-à-dire, obligation de protéger l’environnement avec par exemple la réduction de l’utilisation du mercure et l’interdiction de ses rejets, notamment l’évaporation en brûlant des amalgames sans récupération des fumées, mais également l’interdiction de rejets de lixiviation incontrôlés ou encore l’interdiction de dragage mécanique de plan d’eau naturel sans contrôle.
L’or équitable c’est également du marketing.
La loi américaine dite « Dodd Franck » cherche à garantir que la chaine logistique des industriels est sans trace de minéraux de conflits. Après 10 ans d’effort, l’or équitable s’impose car il inverse la charge de la preuve. Son métal est traçable, il est sain et engendre une opportunité de développement de communautés de mineurs artisanaux à petite échelle. A l’avenir, d’autres métaux seront donc concernés.
Ensuite, cette traçabilité est essentielle car garantira que l’or extrait de telle mine située au Pérou, en Colombie, en Bolivie, au Sénégal, au Burkina Faso, au Gabon ou bien en Mongolie correspondra précisément à tel lingot sortant de l’usine d’affinage située à des milliers de kilomètres de là, et notamment en France.
Traçabilité importante car elle permet de vendre avec une prime de 10% au-dessus du fixing, cet or équitable aux joailliers volontaires ; traçabilité exigée car elle permet à une marque de produit de luxe, la marque suisse Chopard, de garantir que ses produits sont fabriqués avec de l’or équitable; traçabilité vitale enfin, car une fois le coût de production déduit, la prime améliore les conditions de la famille du mineur qui vit en moyenne avec 3.5 US$ par jour. C’est-à-dire une once d’or par famille et par an.
L’industrie du luxe a tout à gagner à soutenir l’or équitable, celui-ci n’attend que l’investissement de ces marques opulentes pour prendre de l’ampleur.
Par conséquent, peut-on s’interroger ? Pourquoi, dans le monde du luxe qui regorge de moyens, qu’il soit situé à Paris, autour de la place Vendôme, ou à Genève, pourquoi donc, la marque Chopard est-elle esseulée dans l’importance qu’elle attache à travailler ses produits avec de l’or équitable?