In La Tribune 12/10/2021
L’horizon de la future élection présidentielle est en marche et dominé par deux débats.
D’une part, une grille de lecture de l’histoire de France qui fait horreur aux témoins encore vivants de pages d’hier, par exemple la Shoah, ou bien elle impose aux téléspectateurs de prendre parti, par exemple sur la colonisation, alors qu’ils ne sont ni historiens ni adeptes de l’ultracrépidariasnisme. Cette grille de lecture historique destinée aux plus âgés semble inutile, car elle n’est pas un programme présidentiel.
Autre débat en résonance chez les plus jeunes, l’histoire d’aujourd’hui avec la question démographique de l’immigration. Chaque Français peut en témoigner, sous une forme positive ou négative. Dans un mouvement brownien contemporain, l’identité française est-elle en route vers un melting-pot sans direction et ni tête ? Reste la réforme. Comme à chaque fois qu’une liberté atteint ses propres bornes, ces libertés s’effondrent. Comment ériger de nouvelles limites ? La clef de ce thème est devenue un prochain référendum sur l’immigration, sans que l’on sache vraiment quelle sera la question compatible avec la constitution, à laquelle il faudra répondre par un oui ou par un non.
Le calme succédera à la tempête
La forme, c’est le fond qui remonte à la surface. L’élection présidentielle de la Ve République à la forme d’un scrutin direct, parce que c’est une rencontre entre un homme et la France. Mais il n’y a plus de De Gaulle dans la France d’aujourd’hui, car sa légitimité présidentielle était réelle puisqu’elle provenait de son histoire dans un siècle qu’il avait participé à façonner.
La France d’aujourd’hui n’est plus celle de De Gaulle, le fond a changé, la forme doit changer également. Une innovation serait-elle la rencontre entre la France et un duo ? Un ticket présidentiel comme à Washington, sous la forme d’une certitude : le candidat président désignant avant l’élection son futur Premier ministre. Quel couple serait le plus crédible face au candidat Macron : Mélanchon et Jadot, Bertrand et Barnier, Zemmour et Le Pen ?
Un désordre politique qui va durer
Le désordre politique que nous vivons va encore durer. Laisser cette cacophonie prospérer quelques semaines peut-être un avantage, pour celui qui, tardivement désigné candidat, provoquera une rupture avec son silence, son calme, sa nuance et son programme clair qui ne se résumera pas à 100 mesures, 10 lois, 5 objectifs d’avenir et un référendum.
La démocratie c’est accepter de perdre des élections ; la politique avec le pouvoir, c’est l’action et la réforme, la politique seule, c’est communiquer.
Élire un président communicant, c’est prendre le risque qu’il ne prenne jamais le risque de l’action.