Il nous faut remonter à 2009 pour comprendre pourquoi les prix du cuivre vont augmenter, plus précisément au 16 septembre 2009. Nous indiquions à cette époque (lien) les fondamentaux importants de ce métal et un récent séminaire à l’École de Guerre Économique était l’occasion de rappeler quelques fondamentaux.
Voyager dans le temps du monde minier c’est accepter sans réserve la loi de la relativité générale si bien illustrée dans le film Interstellar, une seconde ici est égale à 9 années là-bas. 2009-2018, ces 9 années auront été le temps d’un petit cycle minier en tout point égal à la seconde qui s’écoule lors du cycle regroupant votre opération financière favorite. La courbure gravitationnelle d’une mine de cuivre n’est pas la même que celle d’un marché financier !
Le cycle des prix du cuivre est intéressant par ses bas. 1 500$/T au début des années 2000, 3 000$/T au milieu de la crise de 2009, 4 500 début 2017, l’incrément est de 1 500$ au cours de ces trois secondes à l’échelle de temps minier.
Inversement, sur la période du même cycle les deux plus hauts étaient successivement aux environs de 5 000$/t, puis 10 000$. Assez logiquement après la contraction de 2016-2017 nous repartons à la hausse sous l’impulsion de plusieurs facteurs.
L’inflation des coûts miniers est un puissant facteur macroéconomique de hausse des prix du cuivre ; la valeur du change du dollar en est un autre, et celui-ci risque fort d’être chahuté.
En outre, comme je l’indiquais au court d’une conférence il y a quelques années, dans certaines parties du monde les seuls trous que l’on puisse faire dans la terre sont ceux que font les enfants l’été dans le sable sur la plage. Il est de plus en plus difficile d’ouvrir des mines dans le monde, et lorsqu’elles sont ouvertes elles sont parfois à l’origine d’un nationalisme des ressources de la part des pays hôtes, voir l’exemple de la mine de Grasberg. Ces difficultés et ce nationalisme des ressources, expression de la stratégie de puissance des pays producteurs, se heurtent naturellement de plein fouet aux stratégies d’influence des pays consommateurs ; cette instabilité est un facteur supplémentaire d’une hausse des prix des métaux, notamment du cuivre.
Ultimo, la consommation. La voiture électrique par exemple. Elle embarque 4 à 5 fois plus de cuivre que l’automobile classique et nous prépare une demande d’autant plus élevée que ce véhicule sera autonome (sans chauffeur) et donc connecté via la 5G, dont la multiplication de réseaux ne fera que renforcer la demande globale de métaux.
Tout ceci est une bonne nouvelle pour les producteurs.
Publié dans Les Échos le 15 05 2018