Ne jamais mélanger le coffre-fort et l’industrie.
Suite à notre billet précédent, la lecture d’un entretien de Barrick Gold dans « Les Echos » du 3 mai créé un étonnement, des impasses. La stratégie derrière cette dépense d’environ 5,2 milliards d’euros pour le producteur de cuivre australo-canadien Equinox peine à convaincre au terme d’un entretien embrouillé.
Certes, Barrick Gold est déjà présent dans le cuivre mais à petite dose, si j’ose dire « personne n’en savait rien ». A l’inverse, désormais, lorsque l’on achètera du Barrick, l’investisseur sera conscient qu’il acquiert un mix or-cuivre et non pas de l’or pur. L’on croyait acheter du chocolat noir aux amandes, pas du tout, une partie est du chocolat au lait noisette.
Même en doublant sa production de cuivre, Barrick restera tout petit. Songez, 700 millions de livres de cuivre en 2012 c’est à peine 3 % des prévisions de la production mondiale, alors qu’il est le leader en or. Un leader n’a pas la même image qu’un outsider, ni le même prix.
Comment faire accepter que recycler du cash « made in gold » dans du cuivre est une bonne idée ? Car c’est une bonne idée, mais il y a une question de présentation.
Optimiste.
Barrick dresse une perspective industrielle cuivre très BRIC et
dynamique. L’électricité, les infrastructures, la Chine… tout a déjà été
dit ici même dans différents billets.
Prudent.
Barrick est optimiste sur les cours de l’or, il n’aurait donc pas à se
freiner dans l’achat de nouveaux projets miniers. Mais il est prudent et
n’achète pas car ces projets sont chers. En effet, si l’or ne doit pas
atteindre 2.000 dollars l’once, leurs rentabilités futures sont
sérieusement en question.
Donc il achète le cuivre d’Equinox tout en suggérant que si un métal
baisse l’autre fera équilibre en s’élevant. Là, nous nous perdons :
depuis 10 ans l’un (l’or) monte sans état d’âme, pourquoi donc laisser
imaginer qu’il puisse baisser ? Inversement, le cuivre peut baisser et
l’or encore monter mais, dans ce cas, pourquoi acheter du cuivre ?
Offensif.
La bonne réponse aurait été la création de Barrick Cuivre. Pourquoi ne
pas créer un pôle minier industriel, Barrick Copper, orienté BRIC,
séparé du coffre-fort Barrick Gold, en y apportant les intérêts
cuprifères chilien, zambien et saoudien des deux entités (Equinox et
Barrick) ?
D’une part, l’investisseur accepterait cette purification d’un Barrick Gold libéré de son cuivre. La courbe du cours de l’action Barrick Gold, déjà impressionnante, continuerait sur sa lancée de mineur non diversifié.
D’autre part, l’actionnaire s’autoriserait un risque industriel en abondant à une mise sur le marché de Barrick Copper.
Enfin, il souhaiterait que ce Barrick Copper s’occupât de devenir un pôle mutualisant les intérêts cuivre d’autres mines d’or, ou bien qu’il forme une alliance avec, par exemple, un Grupo Mexico voire, par la suite, une coopération renforcée avec Minmetals