L’optimisme ne semble pas une feinte lorsqu’ils envisagent un retour vers les 8000$.
Le 14 janvier 2015, sous l’influence de fonds d’investissement chinois, les cours du cuivre s’effondraient vers les 5400$, au plus bas depuis plus de cinq ans. Il y a encore quelques jours, cette liquidation n’était pas encore totalement digérée, la courbe des prix du cuivre était plate au niveau des 5700$.
Heureusement pour les mineurs de cuivre cette parenthèse de janvier n’était pas adossée à de solides fondamentaux.
Du côté de la production minière cuprifère s’accumulent des évènements porteurs d’une hausse des prix.
L’offre minière peine à se renouveler pour plusieurs raisons. Dans le
monde minier, le minerai de cuivre pauvre est croissant et peu
d’avancées techniques permettent d’économiquement le raffiner avec des
prix bloqués sous les 6000$. En outre, au Chili (31% de la production
minière mondiale) comme au Pérou la production est sous la double et
récurrente menace du manque d’électricité et d’un stress hydrique ; les
mines africaines autour de la RDC souffrent également du piège
énergétique mais également de tensions politiques ; des enjeux
techniques en Australie, au Pérou, au Mexique, au Brésil pénalisaient la
production ; La Mongolie offre un imbroglio juridico-politique, la
Zambie une nouvelle fiscalité de redevance punitive ; l’Indonésie
illustrait le nationalisme des ressources avec son embargo sur les
exportations de concentrés de cuivre ; la Chine ferme des affineurs de
cuivre les plus polluants … Au total, l’offre des nouvelles mines
sous-performe les prévisions de production de 2013 à hauteur de 35% .
Côté consommation, il est acquis que la demande de cuivre se reprend aux Etats-Unis aussi bien dans l’immobilier que dans l’industrie ; les nouveau pays émergents débutent un nouveau supercycle qui sera multipolaire, décentralisé et désynchronisé en des investissements en infrastructures consommatrices de cuivre (Inde, Indonésie, Malaisie, Philippines, Angola, Tanzanie, Ethiopie, Nigeria, Turquie, Bangladesh, Iran, Zambie, Egypte, Kenya, Vietnam, Algérie, Sri Lanka) ; la Chine consomme près de 50 % du cuivre mondial et accroît sa consommation dans la http://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/cercle-126567-chine-et-la-voie-du-milieu-charbon-uranium-thorium-1102158.php production électrique , la http://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/cercle-126566-contradictions-marketing-et-electriques-de-laluminium-1103262.php distribution électrique, l’électroménager, l’électronique et les transports ; le stock stratégique chinois aurait été capable d’acheter 5% de la production mondiale en 2014, combien en 2015 tant il apprécie les situations décalées ?
Peu importe donc si les prix s’équilibraient longuement entre janvier et mars vers les 5700$, peu importe s’ils en profitaient pour nettement s’enfoncer sous la courbe des coûts miniers, peu importe car le déficit de cuivre est déjà là. C’est pourquoi, sous les 6000$, entre une offre de cuivre sous pression et une demande de cuivre en lévitation l’équilibre des prix exprimait un dysfonctionnement non pas structurel mais cyclique : notamment le niveau substantiels des stocks, les ventes à découverts confortées par le scandale financier du port chinois de Qingdao, les coûts de production (et donc les prix du cuivre) mécaniquement déflatés de la valeur du dollar et du pétrole.
Mais, depuis quelques jours les prix sont en hausse de près de 15%, au-dessus des 6000$ ils reflètent la fin de la déprime. Ainsi, l’optimisme qui m’était réitéré récemment en Asie ne semblait pas une feinte alors que des transformateurs de cuivre envisageaient un prochain prix en vitesse de croisière vers les 8000$.
Publié dans Les Échos le 26 03 2015