Non, la chute du Bitcoin n’est pas vertigineuse, subsumée par les variations d’actifs spéculatifs, le Bitcoin rejoindra les nombreux épiphénomènes qui régulièrement font le sensationnel des marchés financiers. Dans les ressources naturelles un tel évènement caricatural fut par exemple les investissements dans les terres rares proposées aux particuliers, d’aucuns en garde un très mauvais souvenir. Lorsque l’on regarde la courbe du Bitcoin, le pire n’est pas qu’elle ne donne pas l’impression d’une bulle spéculative, mais celle d’une supercherie, d’un canular, d’un tweet présidentiel émanant de Lafayette Square…
Quels étaient les prétendus avantages du Bitcoin ? Une intermédiation gratuite et directe entre joueurs (en lieu et place d’investisseurs), une liberté vis-à-vis des autorités de régulations, une rémunération avantageuse de la « création » de Bitcoin grâce à une électricité bon marché, un substitut électronique à l’or…
L’autre facette du Bitcoin était l’impossibilité d’apprécier la nature réelle de ses contreparties et une opacité permettant vraisemblablement le blanchiment ; une supposée protection contre l’inflation cachant une respiration profonde contre les frustrations causées par les dettes des banques centrales ; une valeur intrinsèque douteuse, enfin une hausse vertigineuse prometteuse… d’un infaillible écroulement.
La fin de course du Bitcoin est imminente, perdra-t-il tout son intérêt ? Répondre à cette question est difficile tant cet Objet Financier Non Identifié est à la croisée de plusieurs chemins ? Est-ce simplement l’expression d’une dualité dévoyée de la percée technique des chaînes de blocs ? Est-ce une future monnaie mondiale en construction ? Est-ce une crypto-matière première concurrente de l’or ?
La percée technologique des chaînes de blocs est incontestable et elle perdurera, s’améliorera, s’optimisera indépendamment des crypto-monnaies dans le transport, les services, la santé, les banques… À chaque fois qu’un échange, une transaction, un service doit être enregistré dans un registre. La disparition du Bitcoin est ici sans effet sur l’avenir de cette filière.
Pareillement, les monnaies classiques ne sont pas menacées par le Bitcoin pour autant que ce dernier ne vienne ni perturber une monnaie qui fonctionne bien ni chatouiller la souveraineté monétaire d’un état, le Yuan pour la Chine, ou d’un regroupement d’états, l’Euro. Lorsque la souveraineté monétaire d’un pays est en jeu, celui-ci n’aura aucun état d’âme à donner une leçon à ceux qui auront eu l’audace de tenter de remplacer à la fois la monnaie, les cartes de crédit, les banques centrales, les banques commerciales, le porte-monnaie… le cours de la cryptomonnaie ira à zéro, ses détenteurs seront ruinés. Le sujet est plus sensible lorsque le système bancaire d’un pays, le Venezuela, ne fonctionne pas bien, la souveraineté monétaire du pays rend les armes notamment si la démocratie est rigide, mais la crypto-monnaie apparaît plus un symptôme passager qu’une solution permanente telle que l’or.
L’intérêt de l’or par rapport aux crypto-monnaies reste la stabilité de sa valeur intrinsèque depuis des temps immémoriaux. L’or n’est la dette de personne. Répéter cette phrase lentement et réfléchissez-y longuement ; par les temps actuels, cela ne fera pas de mal.
En outre l’or est une ancienne monnaie usuelle qui, comme tout ce qui est ancien, revient parfois tel un raz de marée dévastateur rappeler à tous son utilité. Lorsque le Bitcoin baissait hier, l’or montait, c’est d’ailleurs l’un des seuls sous-jacents en hausse. Au fur et à mesure de la débâcle Bitcoin, l’or et les mines d’or reprendront probablement leurs places contre les nombreux risques des marchés que les investisseurs auront oubliés.