Le marché du manganèse est-il en route vers une débâcle ?
L’Afrique du Sud est leader mondial de la production minière de manganèse (26%), elle est suivie de la Chine (19%), l’Australie (16%) et le Gabon (11%).
La consommation de manganèse est fragilisée par sa monovalence à hauteur de 90% dans la sidérurgie. Sa proportion dans l’acier varie en général de 0.05% à 2% avec quelques exceptions proches de 9% à 10%. Deux facteurs jouent en sa défaveur : le progrès technique en continu des aciéristes concoure à diminuer les volumes unitaires, la production sidérurgique est calme chez le premier producteur et consommateur mondial, la Chine.
C’est pourquoi le manganèse n’a jamais été une production de premier plan chez les grands mineurs diversifiés. Mais récemment la création de South32 (ex BHP), lui offrait cette aura. Totalisant 21% de l’Ebitda de ce nouveau leader mondial, il devenait enfin remarquable avec des mines en Afrique du Sud et en Australie, les plus grandes et les plus profitables au monde.
Toutefois, la notoriété du manganèse risque d’être brève. Le marché est déjà en surproduction énurétique tant la demande sidérurgique est aux antipodes d’une offre minière devenue indisciplinée. Prenant la mesure du problème, cette semaine, le leader mondial attestait ces mauvais fondamentaux en conservant fermés 3 de ses 4 fours sud-africains destinés au bas de gamme.
Mais tout espoir d’une réelle amélioration serait anéanti si de nouvelles mines, de nouvelles usines ou de nouveaux moyens industriels portant les germes du superflu et du désastre étaient révélés au marché. Si cela était le cas, les prix qui ont déjà été divisés par quatre depuis les plus hauts de 2007-2008, orneront encore les prochaines années de leurs cruelles prévisions.
Par conséquent, pour autant qu’ils aient le génie du hors norme et du non conventionnel, la compétence de la réforme et des finances solides, les producteurs sécuriseront et consolideront l’avenir de leur manganèse grâce à des diversifications vers d’autres ressources à l’environnement plus attrayant.
Publié dans Les Échos le 09 06 2015