Une confusion grandissante règne autour du thème « Commodities » et Exchange Traded Funds (ETF) – Exchange Traded Products (ETP) – Exchange Traded Commodities (ETC).
Les ETP de métaux précieux, notamment celui lancé par la Banque Cantonale de Zurich, garantissent qu’une quantité de métal physiquement stockée dans une chambre forte adosse physiquement l’investissement. D’ailleurs, à l’époque, il y eu une subtile négociation à propos de la neutralisation de la TVA. Mais cet adossement peut être dématérialisé grâce aux marchés à terme, qui donnent rarement lieu à des livraisons physiques de matières et, pour simplifier, appelons ces seconds véhicules : ETF.
Tentons une distinction approfondie. Les premiers sont adossés à du solide, si vous me permettez l’expression, tandis que les seconds se reposent sur du papier ; les premiers sont bornés par la quantité de métal disponible au moment T, les seconds n’ont pas de limite ; les premiers publient les quantités stockés, pas les seconds ; les premiers réagissent en fonction du prix spot, les seconds en fonction des termes eux-mêmes divergeant du spot qu’ils soient en report ou déport, d’indices, de produits dérivés, de taux de change, de warrants ; les premiers sur l’or, par exemple, sont une assurance, les seconds des paris ; le client et sa banque comprennent le premier, pour le second la banque perd la mémoire de ce qu’elle vend et le client ne comprend plus ce qu’il achète. La future cohue de sortie porte un parfum « made in subprime ».
Que se passera-t-il lorsque que les métaux de base (aluminium, cuivre, nickel, zinc, étain) voire les billettes d’acier ou bien les plastiques passeront sous les fourches caudines d’ETC ?
Curieusement des entreprises productrices, des mines par exemple, plus ou moins inconscientes, de leurs propres déclarations, je n’ose dire inexpérimentées, encouragent la création d’ETC métaux de base, et elles sont prêtent à y livrer leurs productions plutôt qu’aux industriels consommateurs !
Le message n’est-il pas irréfléchi pour quatre raisons ?
· Les stocks actuels sur les marchés à terme suffisent. Nul besoin de livraisons de métal d’un producteur pour construire des ETF sans réelle contrepartie physique. Cependant un ETC sur le cuivre ou l’étain ressemblerait, en ce moment, à une catastrophe industrielle.
· A ce jour de fortes variations seront nécessaires pour amortir les frais de stockage et d’assurance. Ils sont marginaux pour les métaux précieux mais pas pour les métaux de base.
· Le risque de contrepartie n’est pas encore parfaitement balisé.
· Des ETC consacrés aux métaux de base, acier et matériaux autoalimenteront le cycle volatilité-investissement, cruelle instabilité dans un environnement dangereux pour l’industriel-transformateur, le personnage oublié de cette conversation.
Comment réagira l’industrie ?
Soyons clair, il sera demandé à l’investisseur de porter le stock entre le producteur et le transformateur. Le meilleur moyen de ne pas perdre dans cette opération est de provoquer une forte volatilité des prix. Les volatilités des marchés des ressources naturelles auront des oscillations qui transformeront celles que nous venons de connaître en du gambillage.
Prenons un exemple, le choix de votre prochain véhicule n’évolue pas encore en fonction d’une variation hebdomadaire de son prix, comme c’est le cas pour le prix de l’essence à la station proche de votre domicile le dimanche soir ; Le prix d’un Airbus non plus, le prix d’un scooter, d’une bicyclette, d’un équipement électroménager ou d’un appareil électronique non plus. Pourtant c’est dans cette direction que nous nous dirigeons maintenant avec des prix de matières virevoltantes comme jamais. Et encore, nous ne parlons que des métaux cotés sur des marchés organisés, mais pensez aux autres matières agricoles et matériaux.
Il ne reste à l’industriel qu’à s’adapter et profondément investir dans une gestion du risque matières particulièrement musclée. Au regard de l’avenir, cette discipline n’en est encore qu’à ses balbutiements aussi bien du côté des producteurs que des transformateurs.
Allons plus loin, le producteur ou le transformateur de ressources naturelles dépourvues de gestion de risque matières premières ad hoc auront un profil risqué pour l’analyste chargé de vous conseiller d’acheter son papier. Vous imaginez les conséquences, une sorte de double peine. Le positif ? Cette nouvelle situation donnera du travail pour dix ans aux cabinets de consulting disposant d’une offre « Commodities Risk Management » reconnue.