Crises tunisienne, égyptienne, syrienne, réforme marocaine, tension algérienne ; crises de 2008, crises financières islandaise, portugaise, grecque, italienne, espagnole, QE1, QE2, crise du AAA américain ; achats d’or par les banques centrales, succès des ETF or, hausse du franc suisse, du yen, mort annoncée du dollar, baisse du taux d’intérêt réel américain…
En dépit de ces événements et de l’hystérie médiatique qui les entourait, l’or connaît une hausse remarquable jusqu’à 1.700 dollars l’once mais, cependant, calme et ordonnée. Et même s’il connaissait d’importantes embardées récemment, cette absence d’hystérie aurifère jette le doute sur une surévaluation du lingot. Toutefois, tout investisseur doit prévoir de nouveaux très mauvais événements (mais lesquels ajouter à cette longue liste ?) pour rejoindre la planète surpeuplée des acheteurs de pièces, lingots, trackers or, ETF or…
Un marché se corrige d’excès lorsque
l’autorité de régulation du marché augmente les coûts des opérations,
des reports de position, ou bien qu’elle le ferme temporairement et que
l’hystérie se calme. On recherche en vain cet arbitre ou une action
réformatrice de l’économie mondiale qui rétablisse la confiance dont le
premier symptôme sera une baisse des prix de l’or.
A aucun moment, cet arbitre ne consista dans les actions des
gouvernements ni celles des autorités monétaires. Aucun ne brisa l’élan
de l’or, fils de la méfiance, du doute et de la peur.
· L’arbitre n’est pas non plus celui qui révèle le gouffre de la dette (que tout le monde voit), ni celui qui donne les notes (que tout le monde chuchote), ni celui qui gesticule autoritairement (que tout le monde conteste), en un mot l’agence de notation.
· L’arbitre n’est pas non plus le marché, qui n’est qu’un théâtre d’impressions depuis qu’il n’est plus celui des résultats.
· L’arbitre n’est pas non plus une éventuelle force financière internationale d’intervention rapide. Serait-elle régie par un organe supra national : un ONU financier avec chacun une voix ? La réponse est dans le désarroi de la question.
· L’arbitre n’est pas non plus une autre matière première. Echanger l’or contre du platine ne résoudra pas le problème. Toutefois, notons ici que le fer et le charbon restent en hausse, d’autres ressources sont toniques et largement au-dessus des niveaux de décembre 2008 (cuivre, aluminium, zinc, platine, argent, pétrole, gaz naturel, blé, maïs, soja).
· L’arbitre n’est pas non plus la Chine, le
premier producteur mondial, qui, comme Harpagon cherche sa cassette,
révèle sa faiblesse lorsqu’elle s’inquiète de « safety of China’s dollar
assets ». La dépêche Reuters répétant celle de Xinhua est plus que
significative :
« The U.S. government has to come to terms with the painful fact that
the good old days when it could just borrow its way out of messes of its
own making are finally gone », China’s official Xinhua news agency said
in a commentary.
« China, the largest creditor of the world’s sole superpower, has every
right now to demand the United States address its structural debt
problems and ensure the safety of China’s dollar assets… »
« International supervision over the issue of U.S. dollars should be
introduced and a new, stable and secured global reserve currency may
also be an option to avert a catastrophe caused by any single country »,
Xinhua said.
Toutefois, l’idée exprimée par Xinhua, empreinte de menace autant que de faiblesse voire de panique (les Etats-Unis rembourseront-ils leur dette un jour ? Réduiront-ils leurs forces armées ? Vendront-ils Hawaï pour rembourser ?), n’est-elle pas le début d’une hystérie libératoire, l’or à 3.000 dollars l’once, voire plus, celle qui précèdera la solution ?
Ah, nous saurions où nous en sommes, s’il existait tout simplement une agence de notation de l’or qui diffuserait si l’or est AAA ou si l’or est poison.
Voilà un bel oxymore : noter l’or, la dette de personne.
Publié dans Les Échos le 08 08 2011