L’or est-il toujours aussi bon ?

Répétons le :« l’or n’est la dette de personne ». A lire lentement, y méditer longuement.

Les banques centrales ont abusé du papier monnaie et l’or s’impose lorsque le banquier central dispose (le quantitatif). D’autres métaux précieux ne sont le débit de personne tout comme de nombreuses matières premières. Mais l’or est le métal le plus couramment échangé Rue Vivienne, rue Cadet ou rue Portefoin et là comme ailleurs, personne ne refusera jamais de l’acheter ; vous n’aurez à courir après personne pour l’échanger (cf subprime).

Justement, j’observais un passant Rue Vivienne qui se faisait expliquer les bienfaits de l’or par un changeur.

Passons sur l’acte d’achat, déjà lourdement analysé; un célèbre démiurge dirait « en avoir ou pas… ». 

Au moment de la vente de son lingot, et si la loi ne change pas d’ici là, deux possibilités s’offrent à l’investisseur.

Ou bien il prouve l’origine de son lingot par une facture et il paye la taxe sur les plus values, 31.30%. La beauté de la chose: après la quatrième année de détention, ce taux diminue de 10% par an. Après 12 ans la plus-value sera totalement exonérée.

S‘il ne prouve pas l’origine du lingot parce que son grand oncle lui l’a légué sans la facture d’achat du Comptoir Lyon Alemand Louyot datant de 1981…, c’est la taxe de 8% sur le capital qui s’applique.

Notre passant s’interroge avec son changeur sur l’optimisation fiscale de la vente de son lingot en 2011.

En fin de troisième année après l’achat le calcul est rapide : au cours de revente actuel, à 33 400€ le lingot, faut-il mieux payer 8% sur 33 400€ ou bien 31.30% sur la plus value de 16 400€ (hypothèse, son achat à 17 000€ date de début 2008) ? Je vous laisse faire le calcul et surtout comparer avec la fiscalité de vos actions, PEA ou pas.

Une fois l’optimisation fiscale balisée, régulièrement,la question de « quand vendre mon lingot» est posée.

Une bonne réponse est une question : en échange de quoi?

Comme indiqué sur le graphique de l’or de Reuters, investirez-vous dans des euros, du rand, du real, du rouble, du won, des roupies indonésiennes, du dollar canadien ou australien ? Ou bien en dollar US s’il vient spontanément à l’esprit.

Ou bien, investirez-vous immédiatement dans une mine d’or (Barrick, Goldcorp, Newcrest, Newmont), une junior (Soho Resources, Braziilian Gold, Freegold,…) ? Dans des métaux industriels (comme Barrick), un fond agricole parce que la sécheresse vous inquiète, voir dans une mine d’uranium parce la fortune se construit à contrecourant ?

Si aucune idée ne s’impose, pourquoi vendre?

Une autre bonne réponse est une autre question : aurais-je le temps de sortir rapidement lorsque les prix baisseront ?

Disons le tout net, vous sortirez toujours plus lentement que l’éléphant au milieu de la porcelaine, comprenez les très gros. Ils ne seront pas très souple, il vaut mieux sortir avant qu’ils ne bougent. La très belle courbe Reuters du rhodium par exemple, encourage l’anticipation de cet évènement auprès d’un bon expert.

Concluons sur la bulle de l’or.

Y a-t-il une bulle de l’or actuellement ? Un européen a t’il plus confiance dans son Euro qu’un Américain dans son dollar, ou pire qu’un anglais dans sa livre ? La réponse reste difficile car chacun place le curseur monétaire « confiance » différemment; chacun prépare sa retraite, ou ses vacances à l’étranger comme il peut.

Y aura-t-il une bulle sur l’or ? Oui bien sûr… Comme c’était le cas récemment sur le cuivre et l’argent métal le meilleur signal faible reste les swaps.
Publié dans Les Échos le 02 05 2011