Les grands mineurs de demain sont les petites exploratrices d’aujourd’hui. A suivre avec attention… deux sociétés dans l’or, une dans le zinc et une dans le fer.
Dans les mines, il y a un moyen de faire fortune : acheter une junior. C’est-à-dire une société exploratrice juste avant qu’elle ne confirme la totalité de ses réserves par des études sérieuses et qu’elle n’attire l’intérêt de mineurs chevronnés. Car c’est aussi une méthode pour tout perdre.
Dans les juniors les risques sont élevés, les « rossignols » sont nombreux. En plus de la qualité des gisements, cinq critères sont à regarder à l’heure du choix.
– Parier sur le jockey, pas sur le cheval.
Une bonne équipe trouvera le bon gisement, l’équipe dirigeante est une clef.
– Vérifier les fondamentaux.
Les marchés des ressources naturelles connaissent tous des moments de
surévaluation, des bulles spéculatives. Evitez cette période pour
acheter une mine.
– Préférer le juge au sheriff.
La mine est-elle située au sein d’un régime politique ou juridictionnel
instable ou inamical vis-à-vis des investisseurs étrangers (sheriff),
ou, au contraire, la force d’une loi équitable est-elle reconnue
(juge) ?
– Préférer la route à la piste.
Les infrastructures sont-elles gratuites – routes, aéroports, rails,
sources d’énergie sont-ils déjà construits ? Y a-t-il des villes dans
les alentours pour éviter les coûts de gestion d’une base vie ?
– Ne pas être prisonnier du titre.
Les titres d’une junior peuvent ne pas être très liquides. Toutefois
entre plusieurs possibilités la liquidité du titre sera discriminante.
Depuis la rentrée, deux écuries ont présenté des juniors en France au cours de réunions européennes itinérantes.
Le groupe Cornis a présenté plusieurs sociétés de métaux précieux parmi lesquelles deux aurifères répondent assez bien aux critères :
– Brazilian Gold : gisements d’or sur les bords du fleuve Tapajos en Amazonie.
Selon Brazilian Gold, la zone du Tapajos est la future grande région
aurifère mondiale et son destin ressemblera aux régions de l’Afrique de
l’ouest d’aujourd’hui, l’Australie il y à 50 ans ou l’Afrique du Sud il y
a 100 ans.
Seuls 10% du territoire de Brazilian Gold sont en cours de sondage et un
premier gisement de 1,5 million d’onces serait bientôt confirmé, sur
les autres propriétés les estimations tournent autour de 2 à 3 millions
d’onces. L’or est peu profond (mine à ciel ouvert), il y a un aéroport
et une route « en dur », l’électricité est de source hydro et coute
5,5c$/Kwh. Le coût d’exploitation futur se situerait aux environs de 650
dollars l’once. Si ces analyses se confirmaient, ce n’est que du
bonheur car l’idée est de vendre la propriété à un mineur. Justement,
Eldorado Gold est un voisin et aurait déjà un œil sur la propriété.
– Freegold Ventures : gisements d’or en Alaska.
Ce sont trois gisements d’or que Freegold Ventures explore. L’un est
situé à 8km de la mine FortKnox de Kinross, l’autre à 32km de la mine
Pogo de Sumitomo et le dernier est plus sauvage. Deux millions d’onces
sont déjà classés en réserves sur les deux premières propriétés,
d’autres évaluations les estimeraient au double. Les mines seront à ciel
ouvert et la stratégie est de valoriser le plus possible de réserves
puis de vendre, peut-être aux deux mines voisines.
Le groupe Siou a présenté de nombreuses juniors parmi lesquelles deux projets répondent aussi de manière satisfaisante aux critères :
– Selwyn un gisement de zinc dans le Yukon.
L’intérêt est évidemment la tension qui se prépare sur le marché du
zinc. Dans les prochaines années, l’attrition des gisements mondiaux de
zinc provoquera la fermeture d’un nombre de mines plus important que le
chiffre des ouvertures de nouvelles mines. Les prix du zinc seront en
hausse car la demande de ce métal ne faiblira ni dans les applications
galvanisées – 50% de la demande dans l’automobile et le bâtiment – ni
dans les autres applications (moulage, alliage, chimie). Cette dynamique
n’a pas échappé à la société chinoise Yunnan Chihong qui a déjà saisi
50% de la future production.
– Alderon un gisement de fer au Labrador.
Inutile de revenir sur le dynamisme des cours du minerai de fer, avec le
charbon, ce sont les deux ressources naturelles qui souffrent le moins
de la crise. Les nouveaux projets indépendants des trois grands – BHP,
Rio, Vale – sont rares. Au-delà de cet aspect unique, Alderon mérite un
regard soutenu car c’est un projet situé dans une région productrice de
fer au milieu de mines d’ArcelorMittal, de Rio Tinto et de Cliffs. Le
projet disposera d’un prix d’électricité de 4c/kwh. Il est à proximité
d’une ligne de chemin de fer disposant de capacités disponibles et
débouchant sur trois ports au Québec. A ce jour les gisements sont
supputés supérieurs au milliard de tonnes et d’une teneur élevée. Le
coût de production est estimé aux environs de 45$ la tonne alors que le
minerai de fer s’échange entre 150$ et 180$/tonne.
Deux exploratrices dans l’or, une dans le zinc et une dans le fer. N’étant nullement actionnaire de ces sociétés je n’ai pas vérifié la disponibilité de ces titres mais il me semble intéressant de présenter l’idée que le boom des matières premières que nous connaissons depuis 10 ans est loin d’être terminé. Les grands mineurs de demain sont les petites exploratrices d’aujourd’hui, elles se développeront seules ou plus probablement au sein de grand groupes, des opportunités sont à saisir.
Publié dans Les Échos le 30 10 2011