Le dernier congrès du titane à Hong Kong, au début du mois de novembre, a entériné un changement majeur. Ce petit marché voit une nouvelle structure des prix des produits miniers le réguler en amont, elle se traduira par une envolée, en aval, des prix du titane sous toutes ses formes.
En effet, la matière première connait déjà cette année une inflation sans précédent sous l’effet d’un déficit de production, notamment alarmant pour les gisements les plus riches. Cette hausse des prix, pour ne pas dire explosion, se prolongera dès l’an prochain et les déficits ne seront pas comblés avant quelques années. Les nouveaux projets miniers sont, comme toujours, optimistes sur les délais et sur les coûts. Ces promesses sont à contempler avec du recul, à l’image des prévisions puis des retards et des surfacturations d’autres projets miniers, dans le nickel par exemple.
Le deuxième problème affecte certains marchés, notamment celui du titane métal, car les capacités industrielles de production ont augmenté mais resteront limitées au regard de nouvelles demandes. Les prix de transformation seront tendus et parfois, comme par le passé, des risques referont surface : prix, disponibilité, livraison. Enfin, un métal plus cher attire des convoitises et la gestion des flux n’en sera que plus complexe.
Le taux de croissance moyen des marchés du titane est estimé à 5% sur les prochaines années avec des disparités.
Les plus gros consommateurs de dioxyde de titane (bâtiment, plastiques,
papier, encre…) sont presque insensibles aux hausses des matières
premières car leurs propres marges augmentent sous l’effet d’un
marketing-mix redoutablement efficace. Ils projettent des hausses de
demande sous l’influence de mimétismes : consommation per capita de 6
aux USA, 3,5 en Europe et 0,75 en Chine. De plus, ils améliorent
constamment la gestion des flux, diminuent leur besoin en fond de
roulement métal et donc leurs stocks. Les hausses de prix ne détruiront
pas de demande de ce côté là.
Plus petits, les consommateurs de titane métal (aéronautique, énergie, eau, chimie..) envisagent des croissances de 8% à 12%, notamment dans l’aéronautique. Si des livraisons de nouvelles générations d’avions ont été retardées, elles n’en consommeront pas moins 2 à 10 fois plus de titane que les appareils conventionnels.
Souvent, des industries ne prennent pas la mesure des problèmes en se concentrant sur des processus sans s’inquiéter de la gestion de la matière à temps et sous la bonne configuration. C’est une démarche fatale lorsque de nouveaux produits nécessitent, tous en même temps et pour diverses raisons, des ressources critiques (voir le billet précédent). En effet, lorsque le marché subit un changement majeur, un bon point de départ permet de se placer à long terme en meilleure situation que le concurrent. Dans ces domaines de gestion et de processus, le nec plus ultra inégalé est celui d’une industrie toute aussi secrète que celle du titane, celle des métaux précieux.
A l’image de la hausse des prix du minerai de fer depuis deux ans, le futur du marché du titane pourrait revenir vers des scénarios des années 2005-2006, mais guidé cette fois par une problématique plus grave parce que plus basique.
Publié dans Les Échos le 18 11 2011