En début d’année 2017, les perspectives de prix de l’aluminium étaient de 1600 $ la tonne avec une projection à 3 mois de 1680 $, 6 mois de 1650 $ et 9 et 12 mois de 1600 $. 6 mois plus tard, les prix sont près de 20 % supérieurs et proches des 2000 $. Où est l’erreur, que s’est-il passé ?
Comme chacun le sait, la Chine, en particulier à Pékin et ses alentours, a une atmosphère plus polluée l’hiver que l’été, combustion de charbon oblige. La directive de la Commission du Développement et de la Réforme nationale (CDRN) datée de fin février 2017 explique la forte volonté du gouvernement de réduire cette pollution atmosphérique hivernale notamment via une réduction de la production d’aluminium. L’aluminium c’est de l’électricité solide, la CDRN ne vise pas le métal, mais l’origine de l’électricité qu’il utilise, 90 % au charbon.
La Chine produit plus de 55 % de l’aluminium global, les quatre provinces autour de Pékin comptent pour 20 % de la production mondiale et l’objectif est de réduire l’activité des fonderies d’aluminium de 30 % d’octobre à mars autour de 28 grandes villes. À terme aussi bien les usines fortement polluantes que des usines illégalement construites depuis mai 2013, qu’elles soient modernes ou bien anciennes, doivent disparaître. C’est-à-dire 10 % des capacités chinoises, 5,5 % des capacités mondiales.
La réduction des capacités chinoises implique que le marché « normal » de l’aluminium cède à un nouveau modèle. Tout en conservant une saisonnalité « micro » et/ou technique en avant-scène, en arrière-plan les structures « macro » seront bouleversées. Conservons à l’esprit cependant que de telles réformes dans d’autres matières premières (charbon, acier, zinc, ciment) ont été la source de tensions entre le gouvernement central et les provinces : les objectifs des premiers rarement atteints par les seconds. D’anciennes capacités peuvent être remplacées par de plus modernes et des réductions peuvent être différées si les prix s’élèvent imprudemment.
Début mars 2017 le Premier ministre chinois avait promis de rendre un ciel bleu à la Chine, les choses se mettent en place. Après d’autres provinces, le 16 juin 2017 la lointaine province du Xinjiang passait de la volonté aux actes dans le processus de vérification : les usines illégales sont-elles closes ?
Bien qu’il fasse peu de doute que l’on produise actuellement plus d’aluminium que nécessaire en prévision de l’hiver prochain et que les prix en sont modérés, ils ont toutefois fortement réagi à la hausse depuis février. Ce n’est pas terminé, l’automne et l’hiver prochains seront agités. Une fois les 2000 $ dépassés, nous pourrions atteindre des prix plus élevés au fur et à mesure que les réductions capacitaires s’ajusteront avec le reste du marché.
Publié dans Les Échos le 21 06 2017