Le bon débat n’est pas la « vraie » valeur du dollar, mais de reconnaître la bonne seconde qui verra la bulle passer à quelque chose d’autre.
Récemment, j’étais surpris de ma propre surprise en découvrant que l’on réfutait l’idée d’un euro à 2$ à l’aide d’éléments raisonnables.
Aujourd’hui, le retour vers un dollar plus fort est justifié par de drôles d’arguments : forces et faiblesses comparées des économies européennes et américaines, comparaison de PIB, croissance, réserves de banques centrales, déficits… Bref des éléments fondamentaux. Bizarre… Comme s’ils avaient du poids sur le marché des changes de nos jours.
Le cycle des monnaies est une matière première parmi d’autres et comme les autres, ses fondamentaux n’expliquent qu’une partie des mouvements. J’ai une règle qui m’indique que l’investissement et la spéculation expliquent le reste avec une participation maximale de 30%. Alors si l’euro passe après une extrême spéculation à 2 dollars, la valeur « fondamentale » devrait être de 2-0,66= 1,34. Ce jour-là les Etats-Unis vendront des actifs (Hawaï à la Chine par exemple) pour solder la dette, et nous serions encore dans les cordes de 1,30. Corollairement si la spéculation est déjà à son maximum nous devrions retourner vers la parité. Et, si nous revenons un jour dans cette zone, l’industrie européenne et celle du Franc CFA orientées vers l’exportation en dollars pousseront un grand « ouf » de soulagement.
Je reconnais que ces 30% ne sont que le fruit d’une expérience des marchés. Vous aurez peut-être une appréciation différente. Pourtant le bon débat n’est pas la « vraie » valeur du dollar, mais de reconnaître la bonne seconde qui verra la bulle passer à quelque chose d’autre. Vous l’identifierez lorsqu’anticipant le plan de retrait de la BCE et de la FED vous vous risquerez à penser que nous passons d’une situation d’excédent de monnaies à une période plus équilibrée.
Ou comment tenter de raisonner vrai avec des éléments faux et non pas l‘inverse.
Publié dans Les Échos le 5 11 2009