L’or et la fin du dollar

Coïncidence ? Le jour même où le Fonds Monétaire International (FMI) annonce une future vente de 403,3 tonnes d’or, un ami, banquier d’affaires, le meilleur de la place, m’invite à collaborer sur une vente de tonnes d’or avec un fameux discount. L’une et l’autre n’étaient, bien sûr, pas liées mais reflètent les préoccupations du microcosme : la crainte du dégonflement d’une bulle. Dans le cas de la seconde affaire, elle peut recéler des contraintes financières ou techniques cachées. Prudence, prudence !

Etre long en or est à la mode dans les soirées branchées car l’or Mercatus-Crator a cet avantage de n’être la dette de personne. Il trouve toujours un acheteur notamment depuis que le mot “subprime” est devenu une insulte. La demande est financière, la proposition déjà ancienne d’en finir avec le dollar comme monnaie de transaction du commerce international renforce le mouvement. Les non-investisseurs ont déserté les achats et les vendeurs de déchets d’or sont pléthore.

A la question faut-il vendre mon or ? Répondez à la question en échange de quoi ?

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En dollars américains, en roupies indiennes, en renminbi, en peso philippin, en ringgit malais voire en yen, l’or est encore dynamique mais il reflète une perte de puissance du billet vert. Les détenteurs de dollars craignent leur monnaie, les deuxièmes aiment acheter le métal, les troisièmes cumulent les deux (la banque centrale chinoise achètera peut-être l’or du FMI contre des dollars).

Les effrayés du dollar, de la politique quantitative, adossent depuis des mois leurs risques sur le mouvement haussier du métal. Oui, mais les ETF sont pleins, l’or dort dans des coffres. L’inquiétude viendra de plans de ventes en carry-trade car les taux d’intérêts (Libor-GOFO) à 1 mois sont rarement positifs depuis avril 2009.

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Recevrez vous des euros, du rand, du real, du rouble, du won, des roupies indonésiennes, du dollar canadien ou australien ? Là l’or est en baisse (les changes et les taux expliquent tout). Parfois il est au plus bas de l’année et il faut prévoir. L’or, le paracétamol contre les maux de la crise sera comme cette molécule, il ne sera pas un investissement remboursé à 100%.

Sans philosophie pas d’investissement sage dans l’or. Bientôt Lucrèce bercera quelque chose d’autre avant que ses vers ne retournent, à la prochaine crise, rythmer l’ataraxie de l’or “Il est doux, quand sur la vaste mer les vents soulèvent les flots, d’assister de la terre aux rudes épreuves d’autrui ; non que la souffrance de personne nous soit un plaisir si grand, mais voir à quels maux on échappe soi-même est une douce chose”.

Publié dans Les Echos le 7 10 2009