In La Tribune 09/02/2021
Chacun se souvient des ravages de la peste porcine qui s’est déclarée dans l’est de la Chine en août 2018 avant de contaminer l’ensemble du pays en avril 2019. Elle n’était qu’une étape d’une longue marche du virus.
Identifié au Kenya en 1921, il s’est propagé dans les années 1960 en Europe et aux Antilles avant d’être pratiquement mis de côté dans les années 1990.
En 2007, un deuxième génotype était repéré en Géorgie. Il circulait dans le Caucase et la Russie jusqu’en 2013. En 2014, il surgissait en Pologne, Ukraine et Biélorussie, il explosait dans les Etats baltes, puis, en 2017, il infectait l’Europe des bords de la mer Noire. En 2018, il se multipliait en Afrique et apparaissait pour la première fois en Chine, il gagnait le reste de l’Asie, l’Océanie et l’Inde. En 2019, il était repéré dans une chasse privée belge, qui avait eu recours à l’importation de sangliers, et dans l’est de l’Allemagne.
Les conséquences de la taille des élevages
Les vecteurs du virus sont certainement la circulation naturelle de sangliers et de phacochères en Afrique, mais encore plus les conséquences de la taille des élevages (2 .000 à 20. 000 têtes), du commerce international de viande — depuis la pandémie de peste porcine, la Chine importe 10 % de sa consommation nationale alors qu’elle était exportatrice — et surtout du négoce international d’animaux vivants, comme le démontre le cas de la Belgique
En conséquence, la population porcine mondiale, qui était stable à environ 800 millions de têtes avant la pandémie, chutait d’un quart avant de se rétablir fin 2020 pour revenir vers les 680 millions de têtes. La Chine, qui concentre plus de 50 % de la production mondiale, a perdu plus de la moitié de son cheptel.
Cette pandémie a entrainé une envolée des cours mondiaux de viande de porc. En Chine, ils ont doublé entre octobre 2018 et octobre 2019. Depuis, ils se maintiennent à des niveaux élevés. La peste porcine y a également ruiné de nombreux élevages traditionnels, au profit de groupes agroalimentaires qui ont depuis bâti d’immenses fermes industrielles. L’une d’entre elles, la plus grande au monde, bardé d’intelligences artificielles, de stérilisations des intrants nourriciers, de filtrations de l’air, de vérification de la température des animaux par caméra thermique, est située à Neixiang dans la province du Henan. Elle abritera 84 .000 truies et produira plus de 2 millions de porcs par an. En cas d’épidémie, ces élevages deviennent le terrain de jeux idéal des virus.
Pas de vaccin contre la peste porcine
Il n’existe pas encore de vaccin contre la peste porcine. Pékin rentre cependant en phase test d’inoculations légales, mais il semble également que des vaccinations illégales y soient opérées par des trafiquants chez des fermiers craignant pour leurs bétails. Hélas, ces trafics provoquent des effets non souhaités et peut-être de nouvelles épidémies …Lire plus…