C’est une excellente performance que celle du Fonds Monétaire International (FMI) de céder 50% (200 tonnes) de son or en vente à une moyenne de prix aussi élevée que 1045$ l’once, dixit Reuters, sans perturber les marchés. Mais est-ce le signe que les experts du FMI sont baissiers sur les prix de l’or ?
Pourquoi le FMI vend-il son or alors que le reste du monde en achète ?
Dans le passé le FMI a vendu de l’or pour reconstituer des avoirs
(1957–70), il a fait du trading entre des achats à l’Afrique du Sud et
des ventes aux pays membres (1970-71), il a fait des placements sous
forme de titres publics des Etats-Unis (1956-72), il vendait environ le
tiers de ses avoirs en or pour réduire l’importance du métal dans le
système monétaire international (1976-80), et enfin il affectait la
recette de ses ventes pour financer sa participation à l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE) à partir de décembre 1999. C’est cette dernière raison qui est à nouveau avancée cette fois, en 2009.
Doit-on être étonné par la surprise des marchés qui anticipaient un acheteur du coté de la Chine et non pas de l’Inde ?
L’or n’est la dette de personne et pour une banque centrale cet achat
est une façon distinguée de trouver (ou retrouver) une sérénité dans ses
réserves. L’Inde est aussi chevronnée que la Chine dans ce domaine. Et
l’on peut être surpris que les 50% restant ne soient pas déjà vendus à
un autre acheteur (Chine, Brésil, Asie du Sud Est ?).
Un point intéressant sera de connaître la nature de la recette ; le FMI
empoche l’équivalent de 6,7 milliards de dollars en devises, mais
quelles sont celles que l’Inde a souhaitées céder et qu’elle a
acceptées : dollars, euros, roupies ?
Enfin, pourquoi pas la Chine ? Et si le FMI demandait en contrepartie une réévaluation du Renminbi ?
Le FMI n’a pas perturbé les marchés par cette vente hors marché.
C’est normal, c’est sa politique : le FMI a pour responsabilité
systémique d’éviter de perturber le fonctionnement du marché de l’or.
Le FMI rachètera-t-il de l’or ?
Ce n’est pas sa politique actuelle (L’or au FMI). Le Fonds peut vendre mais pas acheter, ni prêter, ni échanger.
Est-ce un signe que l’or va baisser ?
Non. Si l’on regarde les conséquences des
ventes des banques centrales sur les dix dernières années, l’or reste
ferme… mais le dollar baisse. Oui. Si l’on estime que c’est une
opportunité de hausse des cours qui n’est pas arrivée jusqu’aux marchés
et que les 203 autres tonnes auront une même destinée.
Une chose semble certaine, nous avions depuis douze mois tous les
éléments pour passer à 1500 $ l’once mais nous n’y sommes pas encore.
Y aura-t-il assez d’or pour tout le monde ?
Il semble que non. Le secteur officiel sera sans doute net acheteur
cette année ; les investisseurs ETF en or sont heureux de leurs avoirs ;
les retours de déchets d’or et de vieil ors sont pour le moment
insuffisants. Sauf si un producteur saisit l’opportunité de vendre des
productions futures à terme, il ne semble pas qu’il y aura assez de
métal pour tout le monde.
Si l’on est fatigué de jouer l’or, faut-il jouer les mines d’or ?
Point 1 : se déconnecter des paillettes du sous-jacent.
Point 2 : raisonner sur les rendements des mines d’or. Là, elles seront en concurrence avec d’autres minéraux qui sont parfois mieux placés.