Un gracieux banquier moyen-oriental me disait : « il n’y a pas de grosse fortune il n’y a pas de petite fortune il y a juste de la fortune ! ». Voila une vision (Fortuna) et un résultat (fortune) permettant à chaque investisseur d’aiguiser son optimisme lorsque se présente devant lui une société exploratrice.
Le même schéma heuristique animait mes conversations avec quelques gérants récemment. Ils pilotent de grands ou des petits fonds (mais toujours des fonds) et ils ont la fortune d’inclure ou d’exclure des sociétés de ressources naturelles dans leurs portefeuilles. A chaque discussion le même inventaire : cette société est magnifique mais déjà si chère, celle-ci est encore trop obscure pour prendre un risque, celle-là à déjà fait 100%, une dernière à une côte peccamineuse,…
Parfois la fortune les guide vers des exploratrices. Là quatre éléments sont à vérifiés : un management expérimenté ; les fondamentaux (offre-demande) des ressources ; l’exploitation de gisements dans les alentours pour limiter les coûts d’infrastructures ; la liquidité du titre. Pour autant qu’ils vous parlent, vous vérifierez les comptes afin d’éviter une bulle, telle que l’actuelle sur les juniors de terres rares ; ensuite vous espérez et attendez.
Doté d’une d’expérience plus étendue ils souscrivent parfois à des placements privés sur un simple message reçu d’un dirigeant inconnu au cours d’une réunion itinérante.
Ces dernières s’arrêtent de temps en temps à Paris et obtiennent un accueil aimable, un succès parfois inégal au regard de la valeur des exposés. Aussi pourquoi ne pas laisser courir la plume sur quatre valeurs qui se sont présentées à Paris il y a peu et qui, pour une raison ou pour une autre, m’ont laissé une impression positive ?
A-Cap Resources est une exploratrice australienne spécialisée dans l’uranium au Botswana (la Suisse de l’Afrique), pays entouré de contrées uranifères. Le pays dispose d’un bon code minier, les responsables d’une bonne expérience et souhaitent faire progresser les technologies d’exploitation. Le marché de l’uranium est digne d’intérêt, son prix prend la direction des 100$.
Uranium South Australia est aussi une exploratrice australienne spécialisée dans l’uranium mais en Australie. Elle passerait à l’action à partir de gisements à faible teneur par lixiviation in situ et produirait à des coûts inférieurs à ceux de grands du secteur. La géographie des structures existantes semble convenable. La encore le futur prix de l’uranium est fortement porteur.
Orko Silver est une canadienne qui disposerait d’un gisement d’argent dans une région ou les mines d’argent sont nombreuses, au Mexique. Le management à l’air de savoir de quoi il parle, l’argent métal est à la mode et un mineur sérieux a exprimé un intérêt pour confirmer les veines puis produire après certaines vérifications.
Crown Point Ventures est une canadienne qui dispose de gisement de pétrole en Argentine, la direction est expérimentée, les environs des gisements sont riches de derricks, le pétrole sera consommé dans le pays.
N’étant nullement actionnaire de ces sociétés je n’ai pas vérifié la disponibilité de ces titres ni fait mon devoir dans l’étude des comptes. Ce simple billet n’est qu’un témoignage de la fortune que rencontreront peut-être de dynamiques ingénieurs des mines, géologues et gérants aventureux en dehors de France (il peut-être regretté qu’il n’y ait pas d’exploratrices françaises dans cette courte liste). Il illustre aussi la nouvelle normalité du monde des ressources et quelques facettes mériteraient une observation approfondie. Premièrement l’impact de l’appréciation des monnaies des pays émergents ; deuxièmement les fondamentaux des marchés des ressources eux-mêmes tant les parts du réel et du non-réel se transforment aussi vite qu’elles restent à expliquer ; troisièmement la géopolitique des ressources naturelles autour de trois aspects structurants : les conséquences de la marginalisation de l’endettement, la dé-globalisation et ses deux filles que sont la ré-régulation et les formes les plus diverses d’expression de nationalisme autour des gisements (cf BHP Potash corp aujourd’hui et notre billet France-Canada : l’uranium dans la potasse).
Ces éléments du nouvel ordre normal transforment les choix d’investissements de nos gérants. Pour eux la gestion du risque matières premières se déplace une nouvelle fois le long de la chaine de valeur entre ressources naturelles elles-mêmes, les sociétés qui les exploitent voire les industries qui les utilisent