In Les Echos le 23 02 2015
L’inimaginable hypothèse de décroissance de l’acier chinois disparaît derrière une courbe de la production en plateau ou bien en croissance sous la pression d’une mutation du quantitatif vers le qualitatif : fermeture des aciéries les plus polluantes sous la pression de l’inévitable contrainte environnementale, amélioration de la compétitivité par la fermeture des moins rentables, montée en gamme pour le marché local car les habitants consomment plus d’acier,
Sans observer la Chine, les marchés du minerai
de fer et de l’acier sont peu compréhensibles : la production minière
mondiale de minerai de fer a crû de près de 20% entre 2012 et 2014, les
flux mondiaux sont dirigées à hauteur de 69% vers la Chine, la
production mondiale d’acier est chinoise à plus de 50% tout comme la
consommation mondiale à hauteur de 45%.
Le fer et l’acier mieux que d’autres indicateurs, indiquent que l’on
est passé du supercycle quantitatif chinois au supercycle qualitatif.
Les prix actuels du minerai de fer sont à 63 $/t, ils étaient divisés par deux depuis un an et divisés trois depuis le zénith historique de février 2011. Ils reflètent le déstockage annuel du nouvel an chinois, mais le restockage suivra comme le veut la tradition. Ils reflètent également le renfort de l’élasticité prix du pétrole grâce aux avancées technologiques. La baisse des prix du pétrole abaisse considérablement les coûts miniers et les coûts logistiques, par conséquent les prix du minerai de fer eux-mêmes. Dans ce contexte les mots surproduction et marketing expliquent chacun le pessimisme ou bien l’optimisme.
Pessimisme d’une surproduction car soudainement la Chine ne consommerait plus comme par le passé. La Chine, cela est moins connu, produit du minerai de fer à partir de son sous-sol, mais cette production est insuffisante pour les besoins du pays ; aux prix actuels, ces mines chinoises ne sont plus compétitives pour la plupart. Le pays importe donc notamment d’Australie et du Brésil qui chacun disposent des mines les plus compétitives au monde.
Marketing et optimisme. Malgré la baisse des prix, Australie et Brésil conservent des marges très conséquentes lorsqu’ils exportent vers la Chine. Ils jouent le rôle du producteur de dernier recours, la banque centrale du minerai de fer. Appuyés d’un fort marketing, ils se mettent en quatre pour ne pas voir leurs parts de marché s’effriter et produisent plus qu’auparavant afin d’éliminer les producteurs superflus, notamment les mines chinoises.
La croissance chinoise se mesurait en cinq chiffres de 2009 à 2014 : 8.7%, 10.4%, 9.2%, 7.8%, 7.7% et 7.4%. Mais il était annoncé contradictoirement, que le crépuscule du supercycle des matières premières ne datait que de 2014 alors que le pic des prix du minerai de fer datait lui de février 2011. L’économie nous perd avec ses pièces à miroirs semi-réfléchissants et à la jonction d’une ancienne harmonie et d’un nouvel équilibre entre offre et demande de minerai de fer, nous quittons le supercycle quantitatif désheuré et rejoignons le supercycle qualitatif ordonné. Il déplace la production minière en remplaçant des volumes les moins compétitifs par de plus performants
Ensuite, recyclage des ferrailles mis à part, si les sidérurgistes produisaient moins d’acier neuf ils consommeraient moins de minerai de fer. Que nous révèle le supercycle de l’acier chinois alors que les marges des aciéristes chinois furent les meilleures de mars à décembre 2014 depuis cinq ans ? Alors que les prix baissent sous la double contrainte des prix du minerai de fer et des taux de change, la fin du supercycle de l’acier est-elle sous nos pieds ou bien n’est-elle pas attendue avant 10 ans ? Connaîtrons-nous un affaissement de la production d’acier chinoise, un plateau pour conserver tous les avantages des emplois gagnés ou bien une croissance de la production pendant dix ans grâce aux exportations ?
L’inimaginable hypothèse de décroissance de l’acier chinois disparaît derrière une courbe de la production en plateau ou bien en croissance sous la pression d’une mutation du quantitatif vers le qualitatif : fermeture des aciéries les plus polluantes sous la pression de l’inévitable contrainte environnementale, amélioration de la compétitivité par la fermeture des moins rentables, montée en gamme pour le marché local car les habitants consomment plus d’acier, croissance des exportations qui sont le facteur clef de succès de la stratégie chinoise. En réaction à ces exportations chinoises grandissantes, les états lèvent des obstacles tarifaires quand ce n’est pas la Chine elle-même qui tente de ralentir certains de ses négociants. Mais ces manœuvres d’antidumping sont le plus souvent contournées en changeant un alliage ou bien en modifiant une forme.
Loin d’être la fin d’un supercycle, la période actuelle nous rappelle de raisonner vrai avec de fausses apparences. Elle illustre l’adaptation de capacités de production d’une qualité supérieure, sans nécessairement perdre en volume, dans le contexte de monnaies chahutées et avec une déflation des prix du pétrole et du minerai de fer.
Enfin, comment comptabiliser la fin du supercycle alors que soudainement l’Inde passait d’exportateur à importateur de minerai de fer en 2014 et que sa capacité sidérurgique doit être multipliée par trois d’ici à 2025, 10% par an. Sans compter qu’avec l’Inde, une demande diffuse parce que non-centralisée mais toute aussi importante du fait de l’effet stockage émane de 16 autres impatients (Indonésie, Malaisie, Philippines, Angola, Tanzanie, Inde, Ethiopie, Nigeria, Turquie ; Bangladesh, Iran, Zambie, Egypte ; Kenya, Vietnam, Algérie, Sri Lanka).
Liste des 17 que l’on « anagrammera » sous : BATEMAN VISITE ZKIP, TINA KIBITZE les VAMPES ou encore le KVAS TIBETAIN ME ZIP.