Charbon: le Supercycle électrique chinois accélère en qualité

In Les Échos le 18 02 2015

Ce n’est pas la fin du supercycle électrique en Chine mais son accélération quantitative et qualitative vers une électricité sans charbon.

King Coal, le charbon a été le roi, la première source d’énergie mondiale et le charbon thermique reste encore le principal combustible du turbinage électrique planétaire. Mais la fin de sa grande vie est programmée car deux consommateurs, les Etats-Unis et la Chine, en limiteront l’usage pour différentes raisons.


Aux Etats-Unis ce sont la disponibilité, le prix et la plus faible pollution du gaz non conventionnel qui annulent l’intérêt des centrales électriques au charbon, au profit des centrales à gaz.


La Chine représente 45% du marché mondial du charbon elle dispose de mines, de vastes réserves et en importe également. Si un jour elle souhaitait atteindre le niveau occidental de consommation électrique par tête, ce vœu n’est pas certain, elle devrait quasiment doubler son potentiel électrique. Celui-ci passerait de l’équivalent de 9 fois la capacité française actuelle à environ 17 fois. Mais si en France 80% des moyens sont non carbonés, en Chine ce sont près de 80% des centrales électriques qui fonctionnent au seul charbon, cela pèse sur la qualité de l’air. Justement, en 2014 Pékin rajeunissait la loi sur la protection de l’environnement et en conséquence pesait sur les importations de charbon les plus polluants et la production locale.


Mais la Chine peut-elle multiplier ses capacités électriques en utilisant moins de charbon ? Certainement, en passant du supercycle électrique quantitatif au supercycle électrique qualitatif. Cette transition énergétique s’opère déjà grâce à l’électricité nucléaire (des stocks d’uranium sont déjà constitués et l http://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/cercle-109296-philosophie-dune-transition-energetique-positive-sans-vent-ni-charbon-1044812.php ’économie circulaire y est en route) , aux immenses barrages hydroélectriques, au gaz, au solaire et aux éoliennes (si elles sont toutes raccordées). Ce n’est donc pas la fin du supercycle électrique chinois, loin de là, mais sa continuation et la transformation vers une autre qualité, et là encore des économistes se trompent.


Toutefois, il est probable que les usines électriques au charbon ne seront pas toutes remplacées. Des mineurs chinois, dont le premier producteur de charbon, sont également producteurs d’électricité, intégration verticale oblige ;  si toute la population est équitablement servie, construire de nouvelles capacités décarbonées à hauteur de 800 à 1000 GW semble, hélas, une promesse politique déraisonnable.


Au final, d’aucuns identifient une surcapacité charbonnière chinoise naissante et des mineurs  anticipent l’avenir en orientant déjà des actifs vers d’autres secteurs industriels d’une autre qualité. La question d’actualité devient donc : Les mines de charbon chinoises ne seront-elles plus que des variables d’ajustement de la production électrique ? Les emplois y sont nombreux, les capex importantes et le problème politique est vaste. Quel sera le modèle économique des compagnies chinoises produisant un charbon de qualité et avec profit dans 20 ans ?


Par conséquent, à la frontière nord les éventuelles futures mines de charbon mongoles n’auront peut-être un avenir asiatique que si elles sont très compétitives et si leur produit peut respecter des normes environnementales qui seront croissantes. Cette dernière exigence est quasiment un oxymore et rien n’est donc certain. En outre, le coût logistique entre Oulan-Bator et Dehli interdira l’intérêt de l’Inde, le dernier grand émergeant du charbon. Et,  parmi les grands pays il ne restera qu’une exception comme l’Allemagne pour avoir relancé la consommation charbonnière, l’atmosphère française en connaissait quelque chose .