Faut-il réinvestir dans les ressources naturelles en 2010 ?

Votre argent est-il investi ? Il est en danger. Dort-il ? Il est donc en sécurité ! Rien ne serait plus inexact en 2010.

La migration dollar-matières premières de 2008-2009 opposait cette recherche de valeur à la dépréciation silencieuse. En 2010, le thème à la mode sera la dette souveraine hypothéquant les monnaies et pour les stratégistes des scénarios, espérons le, moins dramatiques que celle de l’archipel. Mais notre hobby n’est il pas d’anticiper l’inconnu, de se protéger de l’invraisemblable ? Dans cet univers, un renseignement économique est souvent un événement oublié.

Sur cet horizon 2010 pointent les politiques qualitatives des banques centrales qui provoqueront quelques anxiétés, de curieuses notations souveraines généreuses pour des pays bénéficiant d’évergétismes et l’inverse est aussi vrai, une nouvelle politique d’emploi des institutions financières américaines (et non américaines ?) qui séparerait la banque commerciale de l’investissement (fonds, private equity , trading en compte propre) ; un coupure qui éviterait le too- big-to- fail mais redessinerait le paysage du risque, bref un Glass-Steagall actualisé ; un tissu de taux de change qui sera détricoté cette année, des entreprises riches de cash prêtent à fusionner notamment dans les ressources naturelles toujours plus coûteuses à produire. Ces dernières resteront dans le lit favorable du vent du marché intérieur chinois et d’une certaine reprise en OCDE, mais la globalisation impose une rapide revue de détails des grandes familles (métaux, agricoles, énergies).

Les métaux précieux risquent une division.
–  Il y a déjà belle lurette que nous devrions être à 1500$ et nous sommes « topish » à 1200$. L’or, la dette de personne, est à présent entouré autant de forces positives que négatives et l’amélioration américaine qui s’accompagnera sans doute d’une réévaluation du dollar coordonnée sera défavorable aussi bien à l’or qu’à l’argent métal. Les mineurs sont à suivre sous un œil différent et favorable, pour autant que les revenus ne soient pas trop menacés par le couple revenu en $ et taux de change. Pour la suite rendez-vous ici.

Les platinoïdes offre une paysage tranché. Côté production, le pic platinoïdes est derrière nous, mais il est contrebalancé par une forte progression du recyclage.
–  Le platine est bien entouré par une communication forte et organisée autour de nouveaux ETF américains (ils suivent ceux de la Suisse, l’Australie, le Royaume Uni). Dans les esprits il peut se substituer aux investissements en or. Pourtant, tout ne sera pas si facile. Côté industrie, la corrélation du marché automobile et du prix du platine est particulière notamment dans les pays émergents. Le mix diesel/essence est différent d’une zone à l’autre, les véhicules n’y sont pas équipés de catalyseurs de même génération qu’en OCDE, le prix déjà très ferme pourrait y être un frein à la progression de technologies. Les revenus des producteurs n’effacent pas des prévisions d’EBITDA 2009 écrasées par les coûts attachés aux nombreuses difficultés de production. A 2000$/t.oz, de grands équilibres seront en jeux.

–  Le palladium est plus serein et sa hausse réaffirmée proviendra plus des conséquences d’une nouvelle configuration de l’offre qu’une nouvelle progression dans l’automobile. Une avancée des prix de 50 à 100 % n’est pas exclue.

–   Les autres platinoïdes (rhodium, ruthénium) et les métaux mineurs (uranium, rhénium, titane, vanadium, indium, bore…) sont très tentants mais leurs marchés sont étroits, parfois opaques, et les vitesses de leurs prix parfois cosmiques. Ils sont capables de gêner des gérants très chevronnés et je ne vous les recommande qu’après passage en simulateur.

Dans les matières primaires, le minerai de fer, le charbon thermique, le charbon coke, le molybdène sont déjà fortement en hausse et ils connaîtront une belle année. Ces marchés sont accessibles via leurs producteurs et les aciéristes dotés d’accès compétitifs à ces ressources.

Les marchés des métaux de base seront aussi contrastés. Cependant les mêmes investisseurs, qui récemment déconstruisaient leur positions dans l’or, y accroissaient leurs investissements.
– Le cuivre est dans les lignes que nous tracions ensemble en septembre. A présent, il commence à avoir peur de son ombre, comprenez de ses stocks. Cependant, pour le moment, l’écart de prix entre les cotations chinoises et européennes est positif. Une pause est donc attendue avant de songer à gagner aisément 15-20%. Un bon gérant fera d’excellentes cueillettes dans un mouvement de marché légèrement désordonné.
– Le nickel est enfermé dans des limites qu’il s’est lui-même construites, deux éléments freinent la hausse.
1. Le commerce de la matte de nickel d’Asie du Sud-Est vers la Chine ; là, la fusion de cette matte voit ses coûts dominés par l’électrique ou bien le charbon. Cette transformation continuera d’attirer la baisse des prix du métal.
2.Autre difficulté, la commercialisation des aciers inox duplex faible en nickel et des aciers inox ferritiques sans nickel à la place d’inox traditionnels.
Dans l’instant, l’écart de prix entre les cotations chinoises et européennes est toujours négatif. Du côté de la production, celle-ci continue de régresser. Il manque une vision commune, un leadership. Il y a une place à prendre au niveau mondial. Mieux organisé, le nickel pourrait mieux faire.

– Le zinc nous réservera d’excellentes surprises, la galvanisation est toujours un excellent client dans la construction et l’automobile. Début 2010, l’écart de prix entre cotations chinoises et européennes est très positif. Côté production, un escompte du renminbi sera favorable aux prix. Un bon gérant fera des merveilles.

– L’aluminium est en renaissance, le paysage des producteurs en recomposition et le prix de l’alumine est un guide qu’il faut suivre.

Les terres agricoles étaient récemment logées dans une stratégie d’investissement défensive. Bientôt l’agriculture sera une perle, mais des limites strictes sont souhaitables. N’est-il pas plus savoureux de se concentrer sur les moyens de production ou encore les producteurs plutôt que sur les récoltes ?

L’énergie baissera-t-elle ? Certainement pas ! Cependant les prix du pétrole et du gaz ont des profils qui souhaiteraient se différencier l’un de l’autre sous la pression de la mise en production de gisements de gaz non conventionnel. Indépendant des prix du pétrole, cette production de gaz a tendance à perturber d’anciens équilibres de production et de distribution. L’électricité et sa filière de l’uranium aux distributeurs apparaît plus rassurante dans un premier temps en 2010.

Un dernier mot sur la dernière ressource naturelle que tout le monde cherche à obtenir, « l’inobtenium » d’Avatar coté à 622 000$/T.oz. Êtes-vous convaincu qu’acheter des ressources naturelles est une idée ? Si oui, adoptez l’œil d’un Toruk Makto pacifié sur notre Pandora.
Publié dans Les Échos le 22 01 2010