Le Boycott du charbon australien par la Chine serait lié à Huawei.
Après la brève interdiction d’exportation de terres rares vers le Japon en 2010 suite à un problème de chalutier ; après l’imposition de droits de passage fin 2016 sur des exportations mongoles de minerais vers la Chine en réaction à une visite du dalaï-lama à Oulan-Bator ; après l’opposition chinoise rencontrée en 2017 par des entreprises coréennes dans la guerre des batteries en contrecoup de l’installation d’une base de missiles états-unienne en Corée du Sud, voici cette semaine du charbon australien interdit à l’importation au port chinois de Dalian. Pourquoi ?
Le charbon importé en Chine est indonésien à hauteur d’environ quarante pour cent, l’Australie vient en deuxième place à trente pour cent, plus loin viennent la Mongolie (treize pour cent) et la Russie (dix pour cent). Ces importations sont composées de charbon thermique (quarante-deux point), de charbon sidérurgique (vingt-trois pour cent) et de lignite (trente-six pour cent). Dalian, ville portuaire de la péninsule de Liaodong, reçoit cinq pour cent des importations charbonnières chinoises.
De son côté l’Australie exporte un quart de sa houille vers la Chine. Mais, les arrivées à Dalian ne représentent que deux et demi pour cent du total des exportations de charbon australien.
Hors, cette semaine les autorités de Dalian ont décrété que les importations de charbon ne dépasseraient pas quatre-vingt-cinq pour cent des capacités de son terminal, mais elles ont surtout ont lancé un embargo total sur l’anthracite australien alors qu’il monopolisait les trois quarts du terminal en 2018.
En d’autres termes la Chine a fermé la petite porte de Dalian au charbon de Canberra. Mais cela reste un petit évènement de la planète charbon.
Pourquoi ce boycott ?
Côté Chinois le boycott est justifié par la recherche d’une amélioration de l’environnement en réduisant la dépendance au charbon australien. Néanmoins, le boycott profitera à d’autres pays exportateurs exploitant le vide créé à Dalian, Indonésie en tête. Il bénéficiera aussi à d’autres ports chinois acceptant toujours les marchandises de Canberra. N’oublions pas non plus l’impact sur les entreprises minières chinoises établies en Australie. Yancoal Australie, filiale à soixante-cinq pour cent du mineur chinois Yanzhou depuis 2004, exporte vingt-cinq pour cent de sa production de Nouvelles Galles du Sud vers la Chine, le reste vers la Corée, le Japon, l’Inde, Taïwan. Il y a fort à parier qu’elle saura avantageusement naviguer dans le champ de mines.
Une perspective différente s’exprime du côté australien. Elle lie le blocus chinois au bannissement australien de Huawei. Elle reste sotto voce et cependant en mode rébus tant l’Australie aurait à perdre si le blocus anti-charbon se généralisait à tous les autres ports chinois, voire à d’autres matières, notamment le minerai de fer. Deuxième regard, puisque d’autres pays sont défiants vis-à-vis de l’équipementier, faudrait-il s’attendre à un mouvement d’ampleur à l’encontre d’autres produits importés en Chine ? Le GNL canadien et états-unien ?
Toutefois, si le blocus chinois n’a rien à voir avec Huawei, il devrait s’étendre aux autres importations de charbon ainsi qu’à la production nationale. Ainsi, Pékin quitterait la demi-mesure face au défi climatique.