In La Tribune 22/01/2021
Depuis octobre 2020, les bateaux chargés de charbon australien n’étaient plus autorisés à décharger leur cargaison dans les ports chinois. Sachant que les importations chinoises de charbon australien représentent environ 30 % des exportations charbonnières de Canberra, les quantités en attente de débarquement représentent un mois et demi du flux habituel entre l’Australie et la Chine. Comment comprendre une fin non confirmée d’un éventuel embargo non déclaré ?
Depuis ce blocus qui ne dit pas son nom, la production de charbon sidérurgique des mines nationales ou les importations de Mongolie restent insuffisantes par rapport à la forte production d’acier chinoise en hausse continue. En conséquence, les prix de charbon métallurgique pékinois ont augmenté d’environ 70 %.
Températures hivernales
Les importations de l’autre charbon australien, celui utilisé dans les centrales électriques, ont, elles aussi, été interdites. Mais le surcroît de consommation électrique liée aux températures hivernales amollit l’interdit, car les mines chinoises, les importations indonésiennes ou russes n’ont jamais réussi à totalement remplacer les volumes de Sydney. Les basses températures hivernales qui frappent la Chine et les Etats voisins, Corée et Japon, entraînaient une hausse des prix en fonction des pays exportateurs — Indonésie, Colombie, Australie ou Afrique du Sud — de 55 % à 100 % depuis août dernier.
Le grand gagnant de cet hiver rigoureux est le gaz naturel. Le prix de GNL asiatique a été multiplié par 15 depuis mai 2020 et par 4 depuis fin novembre. Il est donc plus que normal que le nœud autour des importations de charbon australien se desserre, que les prix se détendent et que les températures à l’intérieur des bâtiments publics du parti communiste chinois remontent. Tout comme l’éclairage nocturne, ils étaient mis à contribution pour économiser l’énergie.
Explication conspirationniste
Une autre explication, totalement conspirationniste, de cette détente pourrait s’inspirer de la série télévisée australienne « Pine Gap ». L’Australie y est prise en étau entre son allié étatsunien dont le président va-t-en guerre lui demande son appui dans un conflit contre Pékin en mer de Chine, et son premier client, la Chine, qui, en retour d’une continuation de ses importations de matières premières, lui demande sa neutralité dans ce même conflit.
Dans la réalité, l’interdiction du charbon australien n’ayant jamais été officialisée, sa suppression ne le sera pas non plus, et c’est sans aucun doute le hasard hivernal qui conjugue la détente autour des importations et l’arrivée de Joe Biden dans ses fonctions.