
In La Tribune 21/10/2025
Quelques commentateurs se sont emparés de la communication chinoise et trumpienne à propos des métaux rares et des terres rares pour justifier une guerre des métaux. Rien n’est plus faux.
En 2019 et en 2025, Trump a voulu s’emparer du Groenland, non pas pour ses terres rares ou son pétrole, mais pour contrecarrer les ambitions chinoises sur l’Arctique. Il ne voulait pas un « Cuba du Nord » chinois, comme une Havane soviétique. Les terres rares ont joué le rôle d’idiots utiles.
Puis il s’attaqua aux « métaux rares » de l’Ukraine, non pas pour les exploiter, mais pour endiguer l’avance russe. Mais cette initiative est déjà oubliée puisque les « métaux rares » n’existent pas, c’est une fake news.
Ensuite, pour freiner les ambitions de Pékin dans la Tech, Washington organise l’embargo des puces américaines, auquel Pékin répond par une menace embargo de ses terres rares.
Mais les terres rares ne sont pas rares puisqu’elles sont présentes dans toute la croûte terrestre, aux États-Unis (Wyoming, Alaska, Texas, Californie…), Brésil, Vietnam, Australie, Suède, etc.
En outre, pendant que Trump et Xi se rencontreront prochainement en Corée de Sud à propos de la domination du monde, Washington continuera la mise en œuvre de son One Big Beautiful Act. Il consiste à dépenser 7,5 milliards de dollars de l’état fédéral dans les métaux critiques ; un investissement déjà intéressant, auquel s’ajoutera l’investissement de Wall Street à hauteur de 1,5 trillion de dollars sur 10 ans.
L’ensemble est dirigé vers la bonne stratégie, celle de la reconstruction d’une filière métallurgique et minière étatsunienne : prises de participations du Pentagone au capital de mines de métaux critiques aux États-Unis, mais aussi en Australie et le reste du monde (comme en République Démocratique du Congo depuis le traité de paix) et l’achat à long terme de leurs productions à des prix garantis ; construction d’infrastructures ; reconstitution de stocks stratégiques. Le tout est déjà couronné par des facilités administratives pour accélérer les diverses autorisations d’exploration et d’exploitation minières aux USA.
Les terres rares ne sont pas rares, il suffit de les chercher pour les trouver, et les métaux rares n’existent pas, c’est une fake news. Il n’y a pas de guerre de métaux ou de terres rares, mais une communication facile et caricaturale autour de sujets géopolitiques qui ont pris les ressources naturelles en otages. Car après les métaux des tensions prendront en garantie de leurs intérêts d’autres ressources naturelles telles que l’eau ou l’agriculture.
Pourtant, c’est toujours une erreur de fonder une stratégie nationale sur l’idée que les ressources naturelles sont l’ultime garantie de survie. Car c’est bien cela qui conduit aux vraies guerres.