Les mines, les métaux stratégiques et la Chine

En Chine, l’offre des métaux stratégiques n’augmentera jamais plus comme avant tant par une volonté politique que par les “limites de l’environnement”.

« En Chine, l’offre des métaux stratégiques n’augmentera jamais plus comme avant, tant par une volonté politique que par les “limites” de l’environnement », m’écrivait un ami chinois.

Selon son analyse, la volonté politique signifie que les réductions des exportations chinoises de métaux stratégiques sont motivées par la recherche d’une augmentation de l’influence de la Chine sur les prix de ces métaux. Le pays est un grand producteur et les cours pourront devenir très fermes, et ce quelque soit la conjoncture.

La recherche d’une maîtrise écologique est justifiée par un certain irrespect pour l’environnement de la production de certains métaux stratégiques.

Par exemple, dans un passé récent, les pollutions en zones rurales par la production de terres rares entraînaient des contrôles, une consolidation industrielle et une réforme des outils. La production est désormais réservée aux usines et aux procédés les moins agressifs pour l’environnement. Ensuite, les exportations sont réduites, la contrebande combattue, pour améliorer la valeur ajoutée sur le marché intérieur.

Un second exemple est dans l’actualité chinoise immédiate. Vingt tonnes de déchets de cadmium hautement toxiques ont été déversés dans le fleuve Liongjiang proche de la ville de Liuzhou et en amont du delta de la rivière des perles le 15 janvier.

La conséquence administrative immédiate est la vérification à l’échelle de l’ensemble des provinces minières chinoises des processus de production, d’affinage et de recyclage des petits métaux, c’est à dire des métaux stratégiques.

En d’autres termes, cette réponse pékinoise éclaire d’une lumière crue une conférence sur les métaux stratégiques offerte à l’Académie des Sciences Morales et Politiques. Et l’épisode des quotas chinois sur les terres rares se répétera peut-être pour d’autres métalloïdes : l’indium par exemple (voir graphique) ou le cadmium voire les gallium, germanium et antimoine…

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Quelles seront les conséquences sur notre vie de tous les jours ?

Il suffit de trouver où ces métaux seront consommés. Les utilisations emblématiques sont naturellement les énergies vertes (éoliennes, panneaux solaires du futur), l’électronique (l’écran tactile de votre téléphone, les semi-conducteurs de votre ordinateur, les écrans plats, écran OLED), votre future voiture électrique, le stockage électrique, la pile à combustible, l’optique, le laser, la pétrochimie, les nouveaux modèles d’avions… etc.

Naturellement, les prix de ces métaux s’orientant à la hausse, les prix des produits qui les utilisent suivront cette hausse sauf si la R&D réduit les quantités unitaires et permet des substitutions avantageuses.

La France, l’Europe ont-elles une issue ?

Oui ! Avoir des productions de métaux stratégiques en France et en Europe : l’horizon géologique français est largement inconnu sous les 100 mètres. Le pays devrait pouvoir avoir des productions immédiatement respectueuses de l’environnement.

Faut-il rappeler que le cycle industriel c’est : exploration, exploitation et transformation de ressources naturelles, ensuite fabrication industrielle, marketing, puis service et enfin recyclage. Sommes-nous préparés à des emplois miniers en France pour des produits fabriqués en France ?

Résumons cette idée en une question : pourquoi la Mongolie connaît-elle un eldorado minier et pas la France ?
Publié dans Les Échos le 09 03 2012