Pourquoi l’or baisse

Depuis des semaines, l’or est sans tendance nette. Les prix n’ont pas obéi aux prévisions optimistes : ils ne sont toujours pas à 2.500 dollars.

Il y a deux mois nous entamions l’année avec une prévision baissière des prix de l’or. Deux mois plus tard, le métal jaune est sans tendance nette mais nous constatons un fait objectif : les prix n’ont pas obéi aux prévisions optimistes, ils ne sont toujours pas à 2.500 dollars.

–  Quoiqu’on en dise, la situation économique mondiale s’améliore même si elle reste très dégradée : comme l’on dit en Cantabrie, il pleut moins, on a moins peur.
–  Rénover la dette portugaise et irlandaise l’an prochain parait un jeu d’enfant après les succès italien et grec : N’accuse point la mer à ton second naufrage.
–  Les conséquences inflationnistes des opérations de refinancement à long terme (LTROs) et les rounds d’assouplissement quantitatif (QE) disparaissent peu à peu des rhétoriques : La renverse du courant n’attend même pas le roi.
–  Les swaps redeviennent normaux et la corrélation or-Vixx s’est inversée : Parmi les favoris du sort, n’estimez personne heureux avant sa mort.
–  A la lecture d’un récent billet sur l’or, Albert, banquier français spécialiste de finance islamique, basé en Somalie (Les Echos sont lus partout), m’écrivait que les peurs de 1981 avaient propulsé la prime du 20 francs Napoléon à 100%. Je vérifiais avec la CPR que pendant les récents pics de l’été 2011 elle ne dépassa pas les 23-24%, elle était en moyenne à 10-15% et dernièrement à 4-5%. A taux de change constant, la différence de cours entre les deux périodes – 500-600 dollars en 1981 et proche des 2.000 dollars l’an dernier -, apporte une équité de valorisation.

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En ligne avec ce faisceau d’indications baissières, la courbe ci-contre indique le moindre intérêt des investisseurs pour l’or papier. Les mouvements sur ETF, quant à eux, ne connaissent plus les progressions des dernières années. Certains, les plus célèbres parce que les plus « physiques », enregistrent une baisse de volume depuis janvier : Quand les mouettes ont pied, il est temps de virer.

Les coûts de production sont l’autre élément important de cette rapide revue offre/demande. Ils sont incontestablement à la hausse et favorisent une hausse des prix de l’or… tant que les mines les moins économiques continueront de produire pour répondre à l’insatiable demande des investisseurs. Ici réside la difficulté, le danger, la déréliction.

Plus les anciens investisseurs en or migreront sous d’autres cieux, plus il sera limpide que la demande industrielle n’absorbera pas seule autant de métal à des prix aussi élevés. Les premières victimes d’une baisse des cours vers 1.400 dollars seront les mines les plus chères ; les deuxièmes, les porteurs d’or les moins agiles. Une troisième population, les consommateurs, ne sera pas rassurée par la hausse des taxes d’importation à l’entrée des frontières indiennes.
Publié dans Les Échos le 19 03 2012