En 2014 l’Indonésie interdisait d’exporter son minerai de nickel vers la Chine. Le producteur représentait pourtant 28 % de l’offre mondiale avant le boycott, et 8 % ensuite. Pourquoi cet embargo ? L’Indonésie souhaitait bâtir une industrie locale de transformation de nickel au lieu d’exporter le minerai brut vers Pékin !
En 2018, l’Indonésie a plus que réussi son pari. Non seulement le pays est redevenu le premier producteur de la planète et du nickel est affiné au pied des mines sur le sol indonésien, mais en outre ex nihilo une filière sidérurgique s’est construite en aval des mines et de l’acier inoxydable sort d’usines indonésiennes.
Dès que ses aciéries tourneront à plein régime en 2019, le pays produira un peu moins de 3 millions de tonnes par an, mais ses exportations, notamment vers la Chine, la placeront en tête du classement mondial des exportateurs d’acier inox.
Ce succès est à mettre au crédit de l’industrie chinoise. C’est elle qui s’est implantée à côté des mines et qui a financé l’ensemble.
Mais, les entrepreneurs chinois ne sont pas arrêtés là. En 2018 parallèlement aux aciéries ils investissaient dans une autre usine de transformation du nickel, le nickel pour batteries. Celui-ci demande une pureté et une forme de nickel plus élaborée que celui produit pour l’acier inoxydable.
Cette montée en gamme s’applique également au cobalt, car le minerai de nickel indonésien en contient. Des éléments en cobalt sortiront de la même usine pour fournir l’industrie chinoise des batteries.
Cet exemple d’un nationalisme des ressources positif est celui d’une Doctrine Métaux optimisée, car elle est concentrée sur le développement économique et les emplois au lieu d’objectifs politiques et étroits de rente minière.
Comment ne pas faire un parallèle entre nickel indonésien et cuivre-cobalt de RDC, entre les aciéristes chinois d’Indonésie et un jour peut-être des fabricants chinois de modules de batteries à Kolwezi et Lubumbashi ? À suivre !