Ridet nickel, nickel lacrimat

C’est en Nouvelle-Calédonie que le nickel rit, c’est chez d’autres producteurs que le nickel pleure.

C’est en Nouvelle-Calédonie que le nickel rit, plus précisément à Koniambo, la montagne du tonnerre.

C’est là, qu’à l’usine de la société SMSP/Xstrata, a eu lieu la première coulée technique le 10 avril et que le 18 avril sera officiellement produit le premier nickel à partir de la mine adjacente. Ce sont de réels évènements sous plusieurs facettes.

• L’usine répond à la volonté politique du Général de Gaulle exprimée en 1966 lorsqu’il constatât sur place la nécessité d’un rééquilibrage économique entre le sud, riche, et le nord, plus pauvre. Ce sont quinze années de travaux qui aboutissent.

• L’usine est un investissement supérieur à 4 milliards d’euros. Une somme impressionnante à l’échelle de la Nouvelle-Calédonie, comme d’ailleurs à l’échelle de n’importe quelle communauté métropolitaine si elle en bénéficiait.

• L’usine aux dimensions gigantesques dispose d’un massif de nickel dont l’horizon d’exploitation est bien supérieur à 100 ans. Ils offriront une excellente rentabilité pour l’actionnaire public à 51%.

• L’usine et sa mine créent des emplois directs et induits. C’est un nouveau pôle économique, celui de VKP (Vavouto-Koné-Pouembout), qui complète celui de Nouméa.

• L’usine et sa mine s’intègrent dans l’identification de la population à son territoire via l’industrie. La population locale en est fière, tout comme d’autres habitants d’autres régions de France ou du monde se construisaient une identité sociologique forte via telle usine métallurgique, tel produit agroalimentaire, tel savoir-faire industriel…

C’est chez d’autres producteurs que le nickel pleure. Les prix en baisse depuis le boum de 2007 n’équilibrent plus des coûts de production restés trop élevés. Les raisons sont multiples.
• Mauvais choix stratégiques,
• Investissements miniers aventureux,
• Inadaptation des calendriers de modernisation industrielle,
• Affaiblissement bilanciel au moment de réinvestir,
• Gisements appauvris,
• Nouvelles formes de concurrence très économiques…

Si les prix du nickel ne remontent pas rapidement, il fait peu de doute qu’une période d’active consolidation s’ouvrira au bénéfice des mineurs les plus riches et capables de s’offrir des gisements à des prix attractifs. Mais, pour le moment, les prix sont durablement engagés dans un tunnel baissier ; l’histoire ne retiendra rien des perdants.
Publié dans Les Échos le 12 04 2013